Élever le niveau du débat politique

23 août 2006

"En raison d’engagements antérieurs", Mme Sudre n’assistera pas à l’assemblée plénière du Conseil régional de ce mercredi. Elle a donc décidé d’adresser une “Lettre ouverte au président de la Région” - publiée lundi dernier par “le Quotidien” -, où elle fait notamment connaître son point de vue sur les dossiers inscrits à l’ordre du jour de cette assemblée. Une contribution qui illustre la nécessité de réfléchir un peu plus et ensemble si l’on veut élever le niveau du débat politique à La Réunion.

Au préalable, Mme Sudre affirme en effet que le président de la Région a eu tort de reporter de quelques semaines - pour des raisons de santé - l’assemblée qu’il devait présider. Il aurait dû confier cette tâche à un vice-président, dit-elle.
En fait, l’ancienne présidente de la Région oublie qu’après l’accident de santé de Paul Vergès, la collectivité a continué à fonctionner normalement. Le Conseil régional a même tenu sa session comme prévu. Seul l’examen de deux questions a été reporté à ce mercredi.

Ensuite, dans son courrier, Mme Sudre aborde précisément ces deux dossiers dont débattront ses collègues ce 23 août en son absence. D’abord, sur le tram-train, elle rappelle son "opposition à ce projet, compte tenu de l’ampleur du coût financier et de son incapacité de répondre à l’urgence des besoins actuels".
Cette seule phrase doit décevoir de nombreux électeurs et amis de Mme Sudre, qui savent parfaitement, eux, qu’il n’y a pas d’autre moyen que le tram-train - de Saint-Benoît jusqu’à Saint-Joseph - afin de répondre pour l’essentiel aux besoins des déplacements des Réunionnais dans les décennies à venir. C’est la meilleure solution pour régler les problèmes spécifiques de La Réunion en matière de transport des personnes et des marchandises, en tenant compte de l’évolution du coût du pétrole, de l’obligation de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de la nécessité de sauvegarder les terres agricoles ainsi que notre environnement.
Mme Sudre oublie d’ailleurs qu’une grande majorité de Réunionnais se sont prononcés en faveur du tram-train lors du grand débat public organisé par l’État de la fin 2004 au début 2005. Les élus opposés à ce projet sont de plus en plus isolés car les Réunionnais voient bien, comme cela se fait dans le monde entier, qu’il faut tourner la page du “tout-automobile” et mettre en œuvre une politique multimodale des déplacements, accordant notamment une large place aux moyens de transports collectifs, surtout si l’on veut anticiper sur les besoins à venir.

Par ailleurs, quand Mme Sudre écrit qu’"il importe surtout d’améliorer le réseau d’autobus sur l’ensemble de l’île", elle oublie que cette mesure pose dans l’immédiat plus de problèmes qu’elle n’en résout et qu’en outre, cela relève de la responsabilité du Département et des communautés de communes. Va-t-elle s’adresser à ses amis qui président ces institutions pour qu’ils agissent dans ce sens ?
Ne serait-il pas judicieux que les élus travaillent ensemble dans une même direction et qu’on arrête la politique politicienne pour s’attaquer aux vrais problèmes auxquels sont confrontés les Réunionnais ? Il serait juste aussi que l’on tire les enseignements des erreurs commises dans le passé en termes de politique des déplacements et d’aménagement, comme par exemple la suppression du chemin de fer.
Dans cet esprit, l’opposition de la députée UMP au Parlement européen au projet de tram-train ira-t-elle jusqu’au refus de s’associer à la recherche de financements européens lorsqu’il aura été finalisé ?

Concernant le problème de la liaison entre le Nord et l’Ouest de l’île, Mme Sudre s’en prend également au président de la Région en lui reprochant de n’avoir pas repris à son compte le projet de viaduc issu des études qu’elle avait commandées en 1996 en tant que présidente de la collectivité.
Sur ce point, elle oublie tout ce qu’a répété le gouvernement depuis l’éboulis mortel du 24 mars dernier, à savoir que c’est l’État qui est entièrement responsable de ce dossier. Et que l’État, dans les innombrables solutions techniques proposées avant, pendant et après le débat public, n’en a finalement retenu que quatre.
C’est sur ces quatre options, choisies par l’État, que les différentes institutions réunionnaises - dont la Région - doivent émettre leur avis. Et c’est finalement l’État qui prendra la décision finale. Alors pourquoi ces polémiques inutiles ? Allons élever le débat !

S. B.
Le Port


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