
La vérité lé tétu ! i pé pa tourn ali lo do kontinyèlman !
4 juillet, parMézami, mon bann dalon, si in zour in listorien i désside rakonte anou bien konm k’i fo listoir La Rényon, mwin lé sirésèrtin li va parl anou (…)
10 mai 2012
Au cours du XVIIème siècle, dans l’enfer des colonies serviles d’Amérique, deux religieux de l’ordre des Capucins, Épiphane de Moirans (1644-1689) et Francisco de Jaca (1645-1690), osent se lever, au nom de leur foi chrétienne, pour condamner de la manière la plus radicale la traite et l’esclavage en demandant la libération et le dédommagement des esclaves. Les archives conservent leurs brûlantes et audacieuses protestations, rédigées en prison, contre la barbarie des négriers et le silence complice des autorités civiles religieuses (11).
Épiphane est né à Moirans dans le Jura. Il entre chez les Capucins, à Vesou, en 1665. En 1676, il demande à partir en mission à Cayenne. A cette date, il a maintes et maintes fois entendu parler des conditions inhumaines et scandaleuses dans lesquelles se déroulent la capture, le transport et la vie des esclaves dans les colonies. D’où son désir d’aller sur place défendre la cause des Noirs d’Afrique. C’est en Martinique, dont il foule le sol en 1678, qu’il fit l’une de ses premières rencontres avec l’horreur de l’esclavage. Il passe ensuite en Grenade, puis en Nouvelle-Andalousie (Venezuela) pour rejoindre le territoire des Indiens de la tribu des Galibis. Tout au long de son voyage pour rejoindre Cayenne — où il n’arrivera jamais —, il découvre les mêmes « actes criminels d’injustice, d’oppression, de cruauté, d’inhumanité et d’impiété perpétrés sur les esclaves », pour employer ses propres mots. Et partout, il envoie le même message : l’urgence de leur « libération ».
Ses prises de position entraînent son arrestation par le gouverneur espagnol pour motif d’espionnage. Car le défenseur de ces pauvres nègres est Français. Enchaîné, il est envoyé, en juillet 1680, à La Havane pour être expédié en Espagne. Le navire n’ayant pu quitter la Havane, Epiphane est envoyé au couvent de la ville. C’est à l’ermitage de San Cristo qu’il rencontre, quelque temps après, un confrère espagnol ouvertement engagé dans le combat pour la libération des esclaves, Franscisco José de Jaca (1645-1690), qui, suite à ses démêlés avec les autorités civiles, s’était retiré dans cet ermitage hors de la ville. Le capucin aragonais est accusé d’avoir provoqué plusieurs révoltes d’esclaves par ses prêches incendiaires ordonnant aux maîtres leur libération, car « posséder des esclaves est contraire au droit ».
Une condamnation sans ambiguïté de l’esclavage
Stimulé par son confrère, Épiphane de Moirans se met également à prêcher ouvertement contre l’esclavage. Le gouverneur qui en voulait déjà à Jaca pour ses prises de position subversives ne tarda pas à monter les autorités religieuses contre les deux capucins. Ils sont alors suspendus de leurs fonctions, excommuniés et envoyés à l’Hôpital San Juan où, contre toute logique, ils purent célébrer la messe et confesser, en refusant l’absolution aux propriétaires d’esclaves. Ils sont par la suite enfermés, jugés et expédiés en Espagne au couvent Saint-Jean de Dieu à Séville (octobre 1682). C’est là qu’Éphiphane de Moirans écrira ou finalisera son ouvrage magistral “La liberté des esclaves ou défense juridique de la liberté naturelle des esclaves”, œuvre exhumée de l’oubli en 1982. Celui de José de Jaca, “Resolución sobre la libertad de los negros y sus originarios”, écrit également en prison, était déjà terminé en 1681 (12).
C’est grâce à ces deux œuvres majeures démontrant l’illégitimité de l’esclavage et la nécessité de rendre aux Noirs leur liberté en les dédommageant que nous connaissons ces deux hommes qui, bien avant les premiers abolitionnistes anglais, se sont levés envers et contre tous pour condamner la traite et l’esclavage, tout en vouant aux gémonies évêques et princes, auteurs et complices de ces abominations. Libéré en 1685, Ephiphane de Moirans rentre en France. Il meurt le 6 janvier 1689, soit un siècle avant la Révolution française, au couvent de Tours. Il avait 45 ans. Quant à José de Jaca, on sait qu’il a été envoyé comme missionnaire apostolique à Caracas en 1678. Il meurt en 1690, à 45 ans également.
L’objectif de Franscisco José de Jaca et d’Ephiphane de Moirans est d’alerter les autorités sur les conditions insoutenables de la vie des Noirs dans les colonies en mettant à mal les principes mêmes de leur réduction en esclavage. Le manuscrit de Jaca est destiné au roi Charles II d’Espagne et c’est une présentation de la situation des esclaves de son temps, suivie d’un exposé analysant les arguments de ceux qui ont parlé ou qui parlent de l’esclavage, soit pour les rejeter, soit pour conforter ses idées sur la question.
Quant à Moirans, il nous livre dans son prologue les raisons qui l’ont poussé à rédiger son réquisitoire. D’abord, pour obéir à Dieu qui ordonne la libération des captifs innocents : « Délivre l’opprimé des mains de l’oppresseur et n’aie pas honte de proclamer la vérité » (L’ecclésiastique 4, 9).
Reynolds Michel
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