Et l’autre côté de la Turquie ?

5 juin 2008

En Turquie, le voile islamique gagne de plus en plus d’adeptes. Pourtant, dans le film de l’Allemand d’origine turque Fatih Akin, « De l’autre côté » (« Auf der anderen Seite »), actuellement à l’affiche au Québec, on n’en voit pratiquement pas, comme s’il s’agissait d’un pays laïque.
La jeune opposante d’origine kurde, un des personnages importants du film, est emprisonnée pour ses activités clandestines. Mais comme elle avait goûté aux joies de l’amour et de la liberté en Allemagne, elle laisse bientôt tomber la cause de son peuple, accepte de collaborer et est libérée. Rien de surprenant, quand on connaît les convictions profondes du réalisateur : « J’ai des idéaux, mais je peux parfaitement changer d’avis demain - je m’efforce de ne pas être dogmatique. Quelle que soit la croyance des gens - en religion ou en politique -, tout a ses limites, tout prend une direction déterminée. »[1]
Quand le problème kurde se résorbera-t-il ? Une fois que la Turquie aura rejoint l’Europe, fait dire Akin à son personnage joué par Hanna Schygulla. Il fallait y penser.
Dans le film d’Alan Parker, « L’Express de minuit » (« Midnight Express »), la prison turque est insalubre, froide, noire, bref, l’enfer sur Terre. Dans le film d’Akin, elle est propre, chaleureuse, lumineuse, bref, la colonie de vacances. Dans le premier, il faut se méfier des gardiens et des autres détenus. Dans le deuxième, uniquement des détenues kurdes.
Pour faire son film, Alan Parker a dû tourner dans un autre pays que la Turquie. Fatih Akin, lui, n’a pas eu besoin de tourner ailleurs. Cela se comprend.

Sylvio Le Blanc


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