Etat d’urgence et loi travail : danger et précarité !

4 juillet 2017, par Courrier des lecteurs de Témoignages

L’état d’urgence renforce le pouvoir de l’administration. (photo d’archives)

Le président Macron, fort de sa majorité absolue à l’Assemblée Nationale, s’apprête à procéder, par ordonnances présidentielles, à la destruction du Code du Travail. Dans les faits, cela consiste une fois la loi d’habilitation votée, à se passer de la représentation parlementaire pour inscrire dans la loi des décisions pourtant lourdes de conséquences pour les citoyens.

Le calendrier choisi ne trompe personne : il vise à légiférer pendant les vacances scolaires à un moment où la mobilisation des salariés est la plus difficile. Cette réforme n’étant pas majoritairement soutenue dans l’opinion, il s’agit de s’exonérer de tout débat public pour passer en force.

La méthode des ordonnances illustre une gouvernance autoritaire dans la lignée du 49.3 sous le gouvernement de Manuel Valls. Le choix de cette première loi de la nouvelle législature donne le ton de la politique gouvernementale en faveur d’une société ultralibérale au service des profits des grosses entreprises et de la finance contre les droits des salariés.

Le Code du Travail a été le fruit de décennies de luttes courageuses contre l’arbitraire patronal et les flagrantes inégalités entre les détenteurs de richesses et les salariés. Les écarts sont aujourd’hui toujours plus importants et les salariés de plus en plus précarisés. Ces luttes sont donc plus que jamais d’actualité.

Sur les questions sociétales, en particulier sur la situation des migrants, on observe un décalage spectaculaire entre le discours présidentiel bienveillant prononcé à Bruxelles et les mesures du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb face au drame qui se joue à Calais : intransigeance, présence policière et répression.

Dans le droit fil, l’inscription de l’état d’urgence dans le droit commun donnera à l’exécutif des leviers permanents pour ordonner des perquisitions - y compris électroniques - des assignations à résidence ou des interdictions de manifester sans aucun recours judiciaire en cas d’abus.

Il y a fort à craindre, dans ce contexte, que les organisations contestataires se voient opposer l’état d’urgence pour ne pas pouvoir librement manifester leur refus de cette nouvelle loi El Khomri puissance 10 qui se prépare ou de toute autre mesure anti-sociale au cours du quinquennat.

Les contre-pouvoirs qui cimentent pourtant la démocratie sont des cibles évidentes ; il suffit pour s’en convaincre d’observer les tentatives répétées de verrouiller la presse. Ainsi sous prétexte d’une « pensée complexe » (!) le président Macron ne se prêtera pas au jeu des questions-réponses des journalistes pour l’interview traditionnelle du 14 juillet.

Au delà de l’anecdote, nos organisations alertent sur les dérives autocratiques du nouvel exécutif et les stratégies d’évitement du débat contradictoire, pourtant fondamental dans une démocratie, et ce pour imposer les pires régressions.

L’abstention record, qui a émaillé aussi bien le deuxième tour de l’élection présidentielle que les élections législatives, interroge nécessairement sur le niveau d’assentiment aux projets du nouveau président. Cela aurait dû inciter à l’humilité et à la modération des projets antisociaux pour reconstruire le lien entre le pouvoir politique et les citoyens. Ce n’est malheureusement pas le chemin qui semble se dessiner, un chemin qui conduira inévitablement à des réactions collectives par la rue ou par d’autres formes afin que les populations directement touchées par les mesures gouvernementales puissent se faire entendre.

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