Être un grand monsieur

11 juin 2018, par François Maugis

Être un grand monsieur, ce n’est pas avoir une grosse voiture, une grosse fortune et une grande maison. Non, être un grand monsieur (ou une grande dame), c’est autre chose.
Comme notre ami Ératosthène, être un grand monsieur ce n’est pas seulement être le directeur de la plus grande bibliothèque du Monde, c’est aussi être capable de dialoguer avec le chamelier, c’est être capable d’observer, d’écouter, de voir les messages les plus subtils de la nature et des hommes, c’est être capable d’attendre et de comprendre les évènements les plus rapides aussi bien que les plus lents, c’est avoir la modestie d’admettre qu’on ne sait rien, c’est s’intéresser au petit autant qu’au grand, au local autant qu’au global.

Être un grand monsieur c’est savoir diriger les autres mais c’est surtout être capable d’autonomie, être capable de se contrôler, de se diriger soi-même.
Le résultat, en tout cas, est là. 1800 ans avant Galilée, il a pu découvrir que la Terre était une sphère et non un disque et il a même pu en mesurer la circonférence.
Et, comment parvint-il à ce fantastique résultat ? En faisant appel à une pléthore d’experts, de chercheurs, de laboratoires et de fonds privés ou publics comme on le fait aujourd’hui ? En utilisant des appareils élaborés, des équipements hors de prix ? Non. Après avoir accumulé avec patience et détermination, mille observations, après avoir comparé, associé, manipulé ces observations dans tous les sens, un simple dessin sur le sable a suffi pour conclure sa réflexion.

Il est illusoire de croire que la quantité de cerveaux mobilisée sur un problème difficile ou une action complexe, est en mesure de remplacer la qualité d’un seul. Le génie ne se partage pas. On n’a jamais vue une idée géniale naître dans plusieurs cerveaux à la fois. La quantité ne remplacera jamais la qualité. Laissons la qualité de notre fantastique et mystérieux cerveau, s’exprimer, nous serons les premiers surpris. Encombrés des bruits de fond d’une société mal organisée, les esprits libérés, épanouis, émancipés, sont fort rares. Quand on connaît les potentialités de nos cerveaux et qu’on constate leur si mauvaise utilisation, on ne peut s’empêcher de bondir de colère devant tant de gaspillage. Finalement, un grand monsieur c’est comme une fleur qu’on a cultivé dans un bon terrain et qu’on a laissé s’épanouir en toute liberté. Qui peut se vanter d’avoir élevé ses enfants de cette manière ?

François-Michel Maugis – La Réunion
Économiste, écrivain et philosophe


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