Face à l’élan de fraternité des Jeux : RFO l’étouffoir

22 août 2007, par Alain Dreneau

Les Jeux des Iles 2007 ont tenu leurs promesses. Au-delà de certains “ratés”, ils ont bien été cette grande fête de l’amitié des peuples de notre région de l’Océan Indien. L’émotion qu’a ressentie Sandrine, la pétanquiste de La Réunion, et qu’elle confie dans les colonnes d’un quotidien d’ici, a été sans nul doute partagée par bon nombre de ses camarades : « C’est la première fois que je participe aux Jeux des Iles et je ne savais pas que ça pouvait être aussi magnifique ».

Les mêmes échos d’enthousiasme d’une jeunesse avide de fraternité nous parviennent des sportifs des autres îles.
De Maurice : « L’image des Jeux pour moi, c’est le partage ». Des Comores : « On s’est fait des amis pour toujours ». De Mayotte : « On a pu s’exprimer entre toutes les îles dans la joie, la liberté, la convivialité » etc... Et l’hommage rendu à la Grande Ile pour avoir accueilli un tel événement avec un tel cœur a été général. Comme l’écrit Pierre-Yves Versini au lendemain de la cérémonie de clôture : « Merci au formidable peuple malgache », dont plusieurs journalistes envoyés sur place ont tenu à saluer « l’énorme générosité » et « la solidarité ».

Incontestablement, les Jeux sont un ciment fort resserrant les liens entre nos peuples. Alors, un questionnement vient tout de suite à l’esprit. Comment se fait-il que le service public d’information RFO Réunion soit passé à ce point à côté de l’événement (1)  ? Ce n’est pas une question de moyens, à l’évidence. Les efforts déployés pour couvrir l’intégralité d’événements sportifs comme les tournois de tennis de Roland Garros ou Wimbledon sont là pour le prouver.

Les différentes explications possibles de cette cécité sont alors malheureusement aussi accablantes les unes que les autres. Elles ressortent d’ailleurs les unes et les autres d’une même source : l’indifférence au mieux, le dédain au pire, ressenti par les décideurs - ceux qui nous concoctent notre pâtée audio-visuelle quotidienne - vis-à-vis du vécu des populations de nos îles, quand ce vécu est positif et construit leur avenir commun.

Le résultat, c’est que les Réunionnais continuent à être handicapés par cette vision brouillée du monde immédiat qui les entoure, comme si “on” voulait nous maintenir dans une bulle au verre dépoli. Nous continuons, au travers de la Télévision - moyen d’information pourtant à vocation d’ouverture par excellence - à ne percevoir que des échos assourdis de leur environnement géographique et humain. Cela concourt à nourrir une sensation de présence-absence dans cet Océan Indien qui sera pourtant toujours le nôtre.

La cérémonie de clôture des Jeux a été, paraît-il, grandiose, dans la nuit d’Antanarivo, avec un feu d’artifice somptueux et un spectacle de toute beauté centré sur les îles. Je crains que personne à RFO, ni à Paris, ni à Saint-Denis, ne se sente mal à l’aise d’avoir privé La Réunion de ces images pleines d’espoir, ni de ces messages riches de sens.

Tout s’est passé à l’occasion de ces Jeux des Iles traités à la sauce RFO comme si les vieux réflexes des dominants étaient toujours à l’œuvre, qui provoquent une réaction d’hostilité et de violence (la censure est une violence) envers les peuples, dès lors que ceux-ci ont l’insolence de vouloir, ensemble, construire un avenir meilleur.

Alain Dreneau, Le Port

(1) On n’allongera pas cette lettre de lecteur en alignant les exemples de la couverture indigente des Jeux par la station du Barachois.


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