GDF ou le flagrant délit de mensonge du gouvernement

8 mars 2006

La libéralisation totale du marché de l’électricité, directive européenne oblige, est prévue pour juillet 2007. Les grandes manœuvres ont déjà commencé, à coup d’OPA par ci, OPA par là. Les appétits des financiers s’aiguisent, le politique accompagnant le mouvement ou au contraire s’y opposant, question d’idéologie (au sens choix de civilisation, entends-je !). En l’espèce, de la pertinence du maintien des services publics et non même de leur conversion en un “service d’intérêt économique et général” entendu au cours de la campagne sur le référendum au nom du dogme libéral.

Le Parti socialiste, au terme de sa synthèse de congrès, a déjà fait savoir qu’il lui était impossible de ne pas re-nationaliser EDF, en cas de victoire en 2007. Les autres partis de gauche sont, naturellement, eux aussi sur cette même ligne. La maîtrise énergétique n’est évidemment pas qu’un fait économique, elle est une question d’ordre stratégique et écologique, tant les besoins énergétiques de nos sociétés sont vitaux et les productions plus ou moins susceptibles de causer des dégâts environnementaux et autres. Imagine-t-on seulement un instant, un État dépendant des multinationales pour son approvisionnement en électricité ? Imagine-t-on la maîtrise des déchets nucléaires, aux mains de privés toujours plus gourmands de profits ? Imagine-t-on un maintien des prix pour les consommateurs en cas de coups durs ? Imaginez ce que pèsent les préoccupations écologiques face aux impératifs de rendement ? Imagine-t-on encore une égalité des usagers (et, ici à La Réunion où la solidarité nationale joue à plein, pour la péréquation des prix, la question se posera avec une plus grande acuité, d’ici quelques années !) devant le service ?

Après avoir scindé GDF et EDF, puis ouvert leur capital aux privés, le gouvernement, au terme de missions des proches de Jacques Chirac, procède aujourd’hui à la fusion de GDF et de Suez. Pour préserver Suez (groupe franco-belge) d’une soi-disant offensive italienne et au prétexte d’un “patriotisme économique”... ce, pendant que d’autres groupes français font leurs emplettes à l’étranger. Mais le gouvernement aura surtout réussi le tour de privatiser GDF, la participation de l’État au capital de GDF passera de 80% à 34%, alors même qu’une loi de 2004, sur proposition de Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Économie, avait fixé, pour rassurer les Français, un seuil de participation de l’État à 70%. Dès lors, cette privatisation de GDF exigera, courant mai-juin, une nouvelle loi, pressentie là encore, à coup de 49-3. La droite est donc prise en flagrant délit de mensonge. EDF va-t-il alors connaître le même sort que GDF ?

À l’un et à l’autre qui, dans leur logique politique, et on le voit très bien ici, considère “les déficits à nationaliser et les bénéfices à privatiser”, nous ne manquerons pas de leur rappeler le moment venu et au regard de l’ensemble de leur action, qu’il ne saurait y avoir de “patriotisme économique” sans patriotisme politique et social.

Jean-Hugues Savigny
(Militant socialiste / La Possession)


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