Il faut quadrupler le prix des produits pétroliers

1er septembre 2012

Depuis des décennies, l’évolution des prix des produits pétroliers fait l’actualité. C’est fin 1973 que s’est produit le premier choc pétrolier avec un brutal quadruplement des prix du « baril ». Choc salutaire qui a permis à la communauté internationale de prendre conscience de la fragilité d’une économie mondiale basée sur la consommation du pétrole. Choc qui a été surmonté puisque les économies se sont adaptées. Malheureusement, l’addiction au pétrole a vite repris ses droits et ne cesse de s’amplifier. C’est vrai pour notre île qui en fait un usage débridé.

L’explosion persistante de l’accroissement du parc automobile “personnel”, la fabrication d’électricité avec du fioul et la multiplication de l’usage des produits de la pétrochimie (plastiques, engrais…) contribuent à l’épuisement d’une ressource naturelle fossile qu’on sait limitée dans le temps.

Le septuagénaire que je suis peut être sûr d’avoir disparu avant d’être confronté à la disparition du pétrole. Alors, après moi le déluge ? Je consomme le plus possible tant que c’est possible, tant pis pour les générations futures ! Désolé, mais cela ne fait partie de mes « valeurs », comme il est devenu chic d’affirmer. Comment faire pour convaincre mes concitoyens ?

Maintenir, voire baisser les prix des produits pétroliers n’a aucune chance d’inciter à diminuer leur consommation. C’est une bonne idée quand je ferai le plein demain et la semaine prochaine. C’est très facile à faire puisque l’essentiel du prix relève de la fiscalité qu’on peut modifier à volonté. Mais c’est une catastrophe pour l’avenir de mes enfants qui seront encore vivants en 2050, si Dieu le veut. Une fausse bonne idée donc.

La vraie bonne idée, c’est bien d’augmenter les prix, comme en 1973, pour provoquer un vrai choc. Un quadruplement des prix obligerait à vraiment préparer l’avenir, autrement que par des rustines sans lendemain. C’est aussi très facile à faire : modifier la fiscalité. Et utiliser intelligemment la manne.
Arrêter de construire des routes dans l’île. Il y en a assez ! Construire un réseau de transport en commun basé sur les seules énergies renouvelables.

En attendant cette Réunion de rêve, innovons ! Autopartage, covoiturage, taxis-collectifs, bourses d’échange de logements et bourses d’échange d’emplois pour rapprocher travail et domicile, fabrication locale de véhicules et de systèmes de stockage d’énergie à air comprimé, d’éoliennes, de panneaux solaires… Petit exemple vécu : avec un plein, je fais 900 km en conduite sportive, mais 1.300 km en conduite souple. On peut le faire ! Il faut aussi faire des économies domestiques d’énergie massives, là aussi par des tarifs progressifs (plus on consomme, plus le prix du kWh augmente).
Les idées ne manquent pas, mais la motivation, si ! Le pétrole n’est pas assez cher. L’avenir sera sauvé par des hausses massives des prix des ressources limitées (énergie, mais bien d’autres ressources naturelles). Choquant ? Bien moins que la « société de gaspillages » dans laquelle nous vivons. Savez-vous que les 830.000 Réunionnais consomment près de trois fois plus d’électricité que les 18 millions de Malgaches ? J’ai honte de tous mes gaspillages ! Pas vous ?

Charles Durand
Le Brûlé – Saint-Denis


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Messages

  • Bon article !
    Effectivement il est temps de prendre la mesure de ce qui nous arrive dessus : Nous sommes entrés dans un monstrueux choc pétrolier : le fait que l’on est aujourd’hui à/autour du pic mondial (maximum de flux, de débit) de production de pétrole.
    Les taxes au volume ont été mises en place à la suite des premiers chocs, et ces taxes ont été efficaces : un Européen consomme à peu près la moitié du pétrole consommé par un Américain. Pousser les produits et modes de vie vers une dépendance moindre au pétrole est l’unique maigre chance de « gérer » le virage.
    Et quoi qu’on en dise, pour cela les taxes au volume sont le meilleur instrument, ne pas oublier que les bagnoles n’ont fait que grossir ! (dernière clio plus lourde que ne l’était une R16 par exemple).
    Décision du gouvernement idiote, anachronique, cout-termiste comme il est impossible de faire pire.
    A signer et relayer :
    http://tribune-pic-petrolier.org/
    Et le plus grand drame dans cette histoire, est sans doute le silence assourdissant à ce sujet, le pic de production c’est maintenant, pas dans 10 ou 20 ans (et la date exacte n’a de toute manière pas grande importance, la demande est déjà contrainte par l’offre).


Témoignages - 80e année


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