Il y a 55 ans, débutait à La Réunion l’ère Michel Debré

28 février 2018, par Paul Dennemont

Michel Debré lors de la campagne des législatives à Saint-Denis en 1963. Photo extraite du film Sucre amer.

Cela fait 55 ans, en ce début d’année de 2018, que Michel Debré, ancien Premier ministre du Général de Gaulle, de janvier 1959 à avril 1962, se préparait à débarquer à la Réunion, en vue des élections législatives partielles de mai 1963. Je me souviens, comme si c’était hier, ce duo d’humoriste, Ti-Louis et Lolo, dans l’émission « Créole i cause », sur l’ORTF, ironisant en chantant, au nez et à la barbe de feu Jean Vincent Dolor : « Si té pa in zéléksion, li té wa pa la Rényion, zoli péi… », parodie d’une chanson, me semble-t-il, intitulée « Joli monde »

Mais tout débute précisément en novembre 1962 où se déroulent les élections législatives. En Métropole, l’ancien Premier ministre, candidat sur ses terres, dans la 3e circonscription de l’Indre et Loire est sévèrement sanctionné au second tour, le 25 novembre 1962, par un modeste garagiste, qui l’emporte avec plus de 53 % des voix. Michel Debré n’enregistrant que 46 %. La défaite est amère, c’est l’humiliation pour l’ancien Premier ministre.

Dans le même temps, à La Réunion, les législatives se déroulent dans une extrême tension. L’enjeu est capital, d’autant que quelques mois plus tôt, l’Algérie avait obtenu son indépendance. Dans la 3e circonscription se présentaient, Marcel Cerneau (Divers Droite) et Bruny Payet (PCR), dans la 2e, Marcel Vauthier (MRP) et Léon Félicité (PCR) et dans la 1ère, Gabriel Macé, (Indépendant) , David Moreau (UNR) et Paul Vergès (PCR). Une circonscription où la lutte avait été particulièrement féroce, entre les deux candidats de Droite et leurs nervis. J’en ai été témoin, j’ai vu des gens tabassés, alors que j’étais gamin. J’ai vu cette voiture de Gabriel Macé, incendiée après avoir été retournée sur la chaussée par des jeunes excédés par les provocations des partisans du candidat, et condamnés par la suite. J’ai vu tout ça.

Ces élections ont étés marquées par des fraudes massives, pour éliminer le PCR, comme cela l’a été depuis 1957, avec expulsions des assesseurs et délégués du PCR, et bourrage des urnes. Les résultats officiels au soir du 25 novembre afficheront sans surprise vainqueurs : Marcel Cerneau (3e circonscription), Marcel Vauthier (2e circonscription) et Gabriel Macé (1ère circonscription).

Bien entendu, le Parti Communiste s’indigne, et même l’évêque, au vu de l’ampleur des irrégularités. Le PCR fait un recours. Le 22 février 1963, le Conseil Constitutionnel invalide les résultats de la 2e et la 1ere Circonscription.

Des élections législatives partielles sont annoncées pour le 5 mai 1963.

A suivre…

Paul Dennemont

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