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31 août 2004
Un terme "inapproprié"... "dangereux". Le préfet Friedérici n’y est pas allé de main morte à propos de la “préférence régionale”. Dommage tout de même qu’il ait attendu la veille de son départ pour s’exprimer sur cette question et ainsi relancer le débat. Et ce, d’autant qu’il n’a pas tort et qu’il a même raison...
Mais pas forcément et uniquement pour les raisons qu’il avance.
Il n’a pas tort de dire que ce "terme est inapproprié", qu’il "recèle un sens juridique trop précis qui rompt alors le principe d’équité entre Français" ou que "cela suppose d’établir des catégories juridiques entre les Français".
C’est là, qu’on le veuille ou non, une réponse à ceux pour qui "plus français tu meurs" ; également à ces élus de la République qui cultivent les contradictions jusqu’à, dans le même mouvement, réclamer le "droit commun" et les spécificités dont l’accumulation finit par dénaturer le fondamental, et faire de La Réunion un département d’exception mais surtout alimentaire, du moins pour ceux qui ont déjà la bouche pleine. La devise de la République, que l’on sache, n’a jamais été “Liberté, spécificité, fraternité” ni “Liberté, préférence...”.
Il n’a pas tort, le préfet, de leur dire à tous que "l’espace naturel des Réunionnais (l’Europe) est un ensemble qui regroupe 450 millions d’habitants", car il faut savoir ce que l’on veut : on ne peut pas vouloir être la presqu’île avancée de la France et de l’Europe et dans le même temps, lorsque cela nous arrange - ou parce que cela risque de nous déranger - dire “eux, c’est eux, nous c’est nous” ! Il faut savoir ce que l’on veut et surtout ce que l’on est.
Mais le terme “préférence régionale” est "inapproprié" pour d’autres raisons.
D’abord parce que ceux qui s’en prévalent peuvent se faire accuser, non sans raison, de chauvinisme, voire de racisme et leur “préférence régionale” être assimilée à la “préférence nationale” du FN. Ce qui, soit dit en passant serait un comble.
Ensuite, parce qu’il s’agit ni plus ni moins que d’un - mauvais - cache-sexe derrière lequel certains s’abritent par confort intellectuel ou par confort tout court et aussi par manque de courage.
Lorsqu’il y a une douzaine d’années la CGTR posait la revendication “Donne Créole travail”, que n’a-t-on dit ? Or cette revendication n’a strictement rien à voir avec la prétendue “préférence régionale”, puisqu’elle ne repose sur aucune exclusion mais se veut la réponse à un besoin réel attesté par le nombre impressionnant de chômeurs à La Réunion et qu’elle tendrait, au contraire, à une certaine égalité devant le travail.
Strictement rien à voir également avec le “vivre et travailler au pays” formulé par d’autres et qui est une aspiration légitime.
"Inapproprié", mais également "dangereux", oui. "Dangereux", ce vocable l’est, car il cache une autre réalité que certains se refusent à considérer ; savoir que les Réunionnais, aujourd’hui et depuis longtemps, dans leur ensemble sont victimes d’une “préférence” extérieure, et plus précisément la préférence européenne et métropolitaine
C’est cela le vrai problème.
Il est intéressant de noter à ce propos que lorsqu’il s’agit de dire ce qu’est un Réunionnais, on tortille, on gesticule, on se perd en conjecture. En revanche, dès qu’il s’agit de “préférer”, le doute n’est pas de mise : on sait qui est et qui n’est pas Réunionnais, et le couperet tombe.
Le critère “à compétence égale” avancé par certains n’est qu’une hypocrisie de plus car chacun sait - et l’expérience le montre bien - qu’il manquera toujours au Réunionnais un p’tit katsous pour faire un franc de compétence égale. Et qu’à l’inverse, celui qui sera choisi aura toujours le p’tit katsous de compétence présumée de plus.
Mais de plus, c’est faire abstraction de la “culture” qui prévaut à La Réunion : la “culture de la gouyave de France” n’est pas le fait de l’extérieur, elle est de notre fait, à nous Réunionnais, et résulte pour beaucoup de notre défiance à l’égard de nos compatriotes et, au fond, à l’égard de nous-mêmes, ce qui est bien plus grave.
Ajoutez à cela l’existence de positions dominantes et de véritables réseaux que tout le monde connaît, et ainsi le tour est joué.
Non ! Le concept de “préférence” - fût-elle “régionale” - est "inapproprié" et "dangereux" au plan des principes. L’ancien préfet a donc raison. Mille fois raison au plan des principes.
Mais il aurait eu mille et une fois raison - et surtout aurait gagné en crédibilité, et avec lui l’État qu’il représente - si dans le même temps, il condamnait et combattait - au nom des mêmes principes et des mêmes valeurs - la préférence dont les Réunionnais sont victimes. À commencer dans les administrations.
Cela étant, par sa prise de position, il ouvre la voie à la contestation de la préférence extérieure dont les Réunionnais sont victimes. Qu’il soit parti et qu’il y ait aujourd’hui un nouveau représentant de l’État ne change rien au fond : tout Réunionnais qui s’estime victime d’une préférence extérieure peut et se doit de saisir l’actuel représentant de l’État afin de réclamer le rétablissement de ses droits.
Peut-être même faudrait-il qu’un comité pour le respect du Droit et des principes républicains se mette en place afin d’aider dans leur action toutes les victimes de ce mode d’exclusion. (1)
Ce n’est surtout pas en culpabilisant les Réunionnais ou en pratiquant la politique de l’autruche par rapport à cette exclusion qui frappe les Réunionnais que l’on y apportera remède. Bien au contraire.
Ceci dit, la vraie réponse à ce problème, c’est la question de l’emploi et donc de cette économie réunionnaise (et “domienne”, soit dit en passant), qui ressemble de plus en plus à une économie de comptoir des temps modernes : c’est peut-être par là qu’il faudrait commencer...
Georges-Marie Lépinay
(1) On notera la confusion que certains veulent entretenir en amalgamant les originaires de la région de l’océan Indien. Or, ces derniers, lorsqu’ils sont embauchés, et si jamais ils bénéficient d’une quelconque “préférence”, c’est surtout et avant tout parce qu’ils peuvent être mieux exploités. Et là encore, l’application du Droit et la reconnaissance à ces salariés des mêmes droits qu’aux autres travailleurs constitue la meilleure des garanties contre toute discrimination et donc toute éventuelle “préférence”.
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