Indécent, choquant !

24 décembre 2003

Les directeurs de l’ANPE et de l’INSEE se rendent-ils compte à quel point leur polémique à propos du nombre de chômeurs est indécent et même choquant pour ne pas dire plus ? Aux yeux de l’opinion certes, mais surtout aux yeux des personnes - car il s’agit bien de personnes - privées d’emploi et qui de ce fait se trouvent au chômage.
Cela pose d’abord la question de la fiabilité des chiffres officiels : 75.000 pour l’ANPE, 99.500 pour l’INSEE, soit une différence de 24.500...! Près de 33% de différence pour l’ANPE, si c’est le chiffre de l’INSEE qui est le bon ; et près de 25% de différence pour l’INSEE si c’est l’autre chiffre qui est le bon...! Autrement dit, dans un cas, l’ANPE n’aurait pas "vu" un chômeur sur trois et, dans l’autre cas, l’INSEE aurait comptabilisé un chômeur de plus sur quatre...! Cela fait beaucoup.
On imagine mal une entreprise de BTP qui se tromperait de 25 ou de 33% en plus ou en moins dans la mesure d’un pont qu’elle aurait à construire !
N’importe quel ouvrier, n’importe quel directeur d’entreprise commettant une telle "bourde" aurait des comptes à rendre pour une faute qu’il faudrait qualifier de lourde.
Ici, on discute, on "justifie", on "explique" ; on se lance dans des discours sur la méthode, sur l’étalon de l’un qui n’est pas l’étalon de l’autre... et avec ça lé bon pou ça minme ! [1]
Mais le pire, c’est qu’il ne s’agit pas d’un pont ou d’un immeuble, mais d’hommes et de femmes ; d’êtres humains ! Comme ceux chargés de s’occuper d’eux.
N’importe qui peut admettre que l’on puisse se tromper dans la mesure d’un pont (encore que !...), que l’on se trompe sur l’estimation du coût d’un ouvrage (on a vu pire), mais là, il s’agit d’êtres humains : on ne peut quand même pas en oublier 24.500 sous la paille ou, à l’inverse, en rajouter autant.
Quelle image du service public !
Pour l’ANPE, l’affaire est plus préoccupante, car ce service public a justement pour mission de s’occuper des chômeurs : s’en occupe-t-il à ce point qu’il finit par en perdre un sur trois en route ?
Non !
Certes, l’erreur est humaine, mais elle prend là des proportions inadmissibles. Il faudra plus d’une "explication" pour convaincre l’opinion d’une manière générale et les travailleurs privés en particulier !
À moins qu’il ne s’agisse là d’une de ces nombreuses trouvailles qu’ont les gouvernements, à défaut d’une véritable politique de l’emploi, pour faire baisser les chiffres du chômage - en période pré-électorale, il ne faut s’étonner de rien - ce qui ne donnerait pas pour autant une meilleure image du service public.
Une chose en tout cas est sûre, c’est que les travailleurs - qu’ils soient en emploi ou privés d’emploi - ont tout intérêt à ne pas laisser à ces seuls services le soin de s’occuper de leurs affaires.


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