« Insurrection » ? Ousasa ?

2 juin 2003

M. Ferry, ministre de l’Education nationale, a sorti de ses tiroirs un plan tout cuit réglant tous azimuts le sort des personnels de ce service public, pour le présent et pour l’avenir. Le refuser tel quel, catégoriquement et massivement, pour M. le ministre, c’est entrer en rébellion. C’est fomenter « l’insurrection »… ! Pas moins.
"D’accord pour une réforme, lui réplique-t-on, en chœur et en substance, mais nous avons aussi notre petite idée sur la question. Alors, discutons !" Pas question !… Et M. le ministre, furieux, insulte et menace.
Alors, la seule façon de ne pas se laisser faire, c’est la résistance passive et… active. La grève. Pour dire, ensemble, le refus absolu de tout diktat. Ainsi, les impressionnants défilés font et refont la démonstration que la réprobation est générale. Ce n’est pas de "l’insurrection", Monsieur le Ministre, c’est de l’indignation devant l’insupportable, la force aveugle et le mépris.
Qui donc aura voulu le rapport de forces ? Bien plus, qui aura choisi cyniquement la proximité des examens pour se servir des milliers de candidats, comme véritables masses de manœuvres ?… Dire que des parents, légitimement soucieux de l’immédiat pour leurs enfants, tombent dans le piège et se font solidaires d’un pouvoir qui a tout simplement besoin de fric.
Ainsi, il taille ici et là dans les acquis sociaux (médicaments compris), engraisse le capital en réduisant les impôts et surfe du RMI au RMA, déguisant les victimes en "bénéficiaires"… Mais, à force charge do lo, kalbass i pète ! On a, en effet, l’impression que tout le système éducatif national est en train d’exploser…
Les enfants, notre jeunesse, en seront-ils les premières victimes ? Je ne le pense pas. Je crois plutôt que le contexte de lutte dans lequel nos adolescents apprennent à nager peut faire des champions… Décidément, il y a des "Mai" historiques. Il y a Mai 68 qui n’a pas modelé une génération de ratés, loin de là ! Et pourquoi ce Mai 2003 que nous venons de vivre fera-t-il des adultes de demain des aigris et des défaitistes ? Ne seront-ils pas plutôt redevables aux combattants d’aujourd’hui des conditions de travail et de retraite qui seront les leurs, dans vingt ans, respectueuses de leurs droits et de leur dignité ?
Je ne suis pas pour la grève comme porte de sortie des conflits. Oh ! que non ! Mais quand le pouvoir - quel qu’il soit - enclenche les rapports de forces, s’unir pour faire le poids c’est, à mon avis, tout simplement refuser la servitude. Et en plus, user de ses droits de citoyen et défendre sa dignité !


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus