Kalou ?

18 juillet 2007

Kalou : pilon utilisé pour piler les épices ou le café dans des mortiers (pilon). Le “kalou” est en général un galet de bord de mer si le mortier est en roche, mais il en existe également en bois pour les mortiers de bois. Ici l’expression “kalou” exprime que le rhum rend l’homme fort, dur et bon à se battre. Certains journaux font de la publicité pour les vendeurs de rhum charrette avec au milieu d’une page des litres de rhum charrette et un gros titre : Kalou... Mais le kalou du rhum charrette nous laisse un goût amer dans la bouche et dans le corps. Depuis le 1er juin 2006, nous avons écrit au Ministre de l’agriculture et de la pêche contre “cette médaille d’or de Paris 2006”. Il n’a pas daigné nous répondre. Il fait partie comme tant d’autre de l’administration liée par le “lobby” de “kalou”. Je ne dénie pas qu’il faut aux planteurs réunionnais des dérivés de la canne dont le rhum charrette. Lorsqu’on a une conscience et non une bonne conscience, on ne peut pas sous prétexte de “faire” de l’argent, de provoquer la mort des milliers d’êtres humains. J’ai vu ce matin un ivrogne demandé “une pile plate”. Il titubait. Il a pris sa “pile”, il l’a mise dans sa poche. Il est parti dans la rue, dans la vie cuver son rhum. Il n’a pas lu la publicité à 2.000 Euros, il a bu son rhum à 49°. S’il est conducteur, il se tuera ou tuera son prochain. S’il entre chez lui, il tabassera sa femme et ses enfants. S’il converse avec un copain, comme il est susceptible, une parole mal comprise, mal placée et il prendra son sabre, son couteau ou son fusil, il le tuera. Demain, il fera la “une” des médias. Il sera en prison sans savoir pourquoi. A la Cour d’assises, sa femme, ses enfants pleureront. Les fabricants du rhum sont dans leurs calculs de bénéfice qu’ils auront réalisés. Des dividendes qui auront à distribuer.

Qu’ai-je écrit au Ministre de l’agriculture et de la pêche ? « Résoudre le problème de l’alcoolisme n’est pas une mince affaire, il faut briser, Monsieur le Ministre, les normes qui entrent en jeu et les groupes de pression (industriels des boissons alcoolisées) terriblement puissants... Car, il y a d’un côté la puissance financière des marchands d’alcool et de l’autre ces jeunes qui risquent sous l’emprise de ces alcools être blessés, voir leurs vies gâchées irrémédiablement. Ont-t-elles si peu de poids aux yeux des marchands d’alcool ? »

Dans le rhum à 49°, tout le monde y gagne : l’État, l’industriel, les commerçants et “un tout petit peu” les planteurs. Combien le “lobby kalou” verse-t-il aux associations humanitaires ?

Il y a 30 ans, j’ai créé une pièce de théâtre intitulée “L’ivrogne”. Ce fut un succès considérable. Elle a reçu le prix littérature de Leconte de Lisle du Conseil Général. J’ai à nouveau diffusé en avant-première le 5 juillet 2006, cette création théâtrale, aidé par le Conseil Général, la DRASS et La Poste. Nous avons adressé la fiche technique de cette nouvelle création aux 24 communes de l’île. Aucune réponse. Est-ce un manque de motivation ou l’intérêt énorme qui entre en jeu par des groupes de pression ? Si le Conseil Général et la DRASS se sont mis d’accord pour aider la création théâtrale, ils se sont abstenus pour la diffusion.
La campagne pour le tabac est à son plus haut niveau, tandis que la campagne anti-alcoolique se fait du bout des lèvres. Je constate qu’il est difficile de lutter contre ce fléau « le pot de fer contre le pot de terre »..., mais l’espoir est permis. Je pense qu’il y a dans ce pays des femmes et des hommes de bonne volonté qui sont capables de lutter contre ce fléau qui tue nos concitoyens.

Marc Kichenapanaïdou


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