L’albopictus et la démocratie participative

28 mars 2006

J’ai lu avec attention un courrier signé Lambi (pseudonyme) qui reflète un sentiment diffus de la population à l’encontre du monde politique et du souhait d’une démocratie participative...
Le mot étant lâché, la question demeure. Comment participer lorsque le système est fait de telle sorte que la seule possibilité démocratique est de réagir par la confrontation des idées pour en faire part à la population qui fait des choix à travers le vote citoyen ? N’y a-t-il pas d’autres pistes à envisager ?
Les politiques ne portent-ils pas, comme nous tous qui sommes trop souvent passifs, la responsabilité de l’épidémie ?
Et notre île que nous avons connue en d’autres époques plus propres, a été souillée par un laxisme collectif. Je me souviens encore lorsqu’un élu me confia à quel point son désarroi était grand de ne pouvoir intervenir énergiquement pour faire avancer des travaux d’assainissement "de peur" des réactions (tant politiques que syndicales) des travailleurs communaux (la problématique peut s’envisager d’une façon inverse).
La situation est donc bien complexe. Elle nous incite à réfléchir sur l’autorité des uns et des autres, sur les règles collectives, sur nos propres comportements souvent anti-civiques.
Je me rappelle encore lorsque Jacques Lougnon, tous les lundis matins sur la route du Maïdo avec son travailleur (et sa vieille 4L dotée d’une remorque faisant office de benne), allait ramasser les ordures des gens du littoral, qui étaient venus le week-end apporter leurs déchets dans la forêt.
Aujourd’hui, ils détruisent le sanctuaire avec les quads de type albopictus.
Ne tournons pas autour du pot, si la situation est grave, c’est aussi de notre faute à tous, sans exception, nous qui n’avons pas pris nos responsabilités, de ne pas nous être engagés justement dans la démocratie dite participative.
Et si les maires aujourd’hui font du nettoyage, c’est une bonne chose pour le pays, n’ayons pas peur de le dire.
Quant au pays, il doit se relever et ce n’est pas en montrant au monde entier des images pitoyables (d’une souffrance, hélas, bien réelle) de notre belle île de La Réunion qu’on fera avancer la situation.
Nos entreprises, nos travailleurs ont aussi besoin du tourisme pour faire partager les charmes de notre île qui sont eux aussi bien réels.
La souffrance du Sahel ou la pauvreté de certains villages malgaches n’a absolument rien à voir avec notre situation locale, ce type de comparaison est indécent.
Et le réveil citoyen peut aussi s’envisager dans la rectitude de notre propre comportement face à la crise. Et si la saleté insupportable de nos sites souillés pouvait enfin être combattue énergiquement par nous tous, du plus haut au plus humble en prenant exemple, de la façon d’être des anciens créoles qui soignaient avec amour leur cour et leur environnement, nous aurions alors franchi une des premières étapes de notre citoyenneté retrouvée qui servirait alors au développement de notre propre société.

Christian Vittori


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