L’âme salvatrice du primitif

29 mars 2018, par François Maugis

L’homme primitif évolue, l’homme évolué régresse. Le principe de Peter s’appliquerait-il à notre humanité tout entière ? C’est en tout cas la question que peut se poser un observateur ayant pris le parti du recul et de l’observation désintéressée plutôt que celui de l’implication et du parti pris.

Ayant été élevé et donc formaté dans un milieu évolué, j’ai découvert assez tard des choses que l’on m’avait cachées. Il existerait donc des humains pour lesquels, progresser dans la société n’était pas et loin de là, l’ambition première. Se contenter de ce que l’on a, ériger la paresse, l’inaction et la passivité comme mode de vie, cela était possible et d’ailleurs assez fréquent. J’ai longtemps été effaré de découvrir ce monde si différent du mien. J’ai observé le mépris dont faisait l’objet ces gens de la part des autres. Ce n’était pas mon cas mais j’ai cherché longtemps à comprendre. Il y a finalement, dans la schizophrénie des gens évolués quelque chose qui me gêne bien davantage que la passivité de ces humains qui présentent bien des similitudes avec l’homme que certains pourraient qualifier de rustres ou de primitifs. Là où tout bascule, où le négatif devient positif c’est lorsque l’on s’élève pour avoir une vision globale de cette humanité. Il ne suffit pas de dire que le monde civilisé est en crise car, après tout, cela pourrait n’être qu’une phase transitoire dans l’évolution de notre espèce. Il faut aller plus loin pour s’apercevoir que cette évolution récente du Monde conduit à une impasse. Les pessimistes parlent même d’apocalypse.

Alors, revenons à nos moutons, à ce troupeau qui représente tout de même plus de 50 % de la population mondiale. Et posons-nous la question qui tue. Ces êtres, cette façon de se comporter, de voir le monde, n’est-ce pas la bonne formule, en tout cas celle qui laisserait encore à l’humanité une marge de manœuvre ? Comment et pourquoi ?

Pour bien comprendre, il faut accepter, il faut admettre que les civilisations qui étaient petites et dispersées sur la planète, ont eu de beaux débuts, c’est vrai. Mais très rapidement elles se sont heurtées entre elles et surtout, elles ont heurté, perturbé les grands équilibres de la vie sur Terre. Autrement dit, qu’ils le veuillent ou non, ceux qui n’ont pas participé (ou moins participé) à ce déséquilibre, sont dans le vrai. Mais il faut aller encore plus loin dans le raisonnement. Il y a probablement dans notre inconscient une réminiscence de la vie animale, celle qui subit les grands équilibres mais qui ne les perturbent pas. Le chasseur cueilleur connaissait la forêt mieux que nos meilleurs spécialistes d’aujourd’hui.

Le procédé millénaire de la culture sur brulis relevait d’une longue expérience et d’un sens aigu de ces grands équilibres. Voir, observer et connaître avant d’agir, est la loi de la jungle qui permet de survivre. Et si 50 % de l’humanité sont dans l’expectative, ne serait-ce pas justement (consciemment ou pas) un réflexe de survie commandé par notre cerveau reptilien ?

François-Michel Maugis – La Réunion
Économiste, écrivain et philosophe


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