L’enfant qui s’auto-applaudit

13 décembre 2017, par Frédéric Paulus

Lors d’un entretien professionnel avec une responsable d’une institution de recherche durant lequel il aura été question de santé, et comme pour illustrer les propos tenus et me transmettre son assentiment, la personne aura évoqué certaines caractéristiques comportementales de sa fille alors âgée de 18 mois. Cette mère était fière de me dire que sa fille « s’applaudissait quand elle réalisait quelque petite prouesse genre danser ou sauter »… Bref, il était évident que cette mère était fière de sa fille ! Nul besoin d’un psychologue pour déduire que cet enfant était heureux de vivre. Ce qui m’amena à évoquer une définition de la santé, à savoir : désir de vivre, plaisir d’agir, rapport actif à l’environnement, créativité.

Visiblement, cette femme acquiesçait quant à la validité de cette définition. Encouragé par sa réceptivité, j’ai voulu apporter une nuance au comportement de sa fille en lui suggérant de penser que sa fille s’auto-applaudissait. Elle se montra encore plus réceptive puisqu’elle disait : « C’est tout à fait ça ! ».

Sur le fond, Spinoza avait théorisé, évoquant le « conatus » ou la joie de vivre comme but de la vie, ce ressenti qui fait que l’enfant exprime sa joie de vivre et d’agir. Le célèbre biologiste Faustino Cordon (1909-1999) dirait avec des arguments de biochimiste que la joie - associée à « une action et une expérience » - exprimerait « l’unité de niveau d’intégration » rassemblée en formant l’organisme dans son ensemble. Le chercheur en biologie Jean-Jacques Kupiec (2008) qui innove dans le monde du vivant soutient qu’ « ontogenèse et phylogenèse ne forment qu’un seul processus ». Ceci impliquerait que le développement (l’ontogenèse) sollicite les gènes comme facteur extérieur à toute « programmation » génétique autrefois considérée comme figée. En d’autres termes, le développement de l’enfant entraine son développement. Une grande révolution conceptuelle s’annonce et si elle devait être admise dans les hautes sphères de la recherche et ensuite du pouvoir politique qui peuvent accélérer les révolutions (ou les freiner !), elle aurait des répercutions sur l’éducation, la santé, certaines maladies, etc.

Une Révolution à venir à n’en pas douter !

Frédéric Paulus, Cévoi


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Messages

  • « Le développement (de l’enfant) entraine le développement », dites-vous.
    Or, qu’a prévu la Nature en matière de développement du jeune mammifère ?
    La dichotomie entre le développement « naturel » de l’animal et le développement du petit humain, serait donc ce non-respect des lois de la nature par les humains.
    Je m’explique. C’est la curiosité « instinctive » du petit mammifère qui permet à l’animal de prendre conscience de son environnement. À son rythme, il découvre progressivement tout ce qui l’entoure, cela lui permet d’étendre progressivement ses connaissances, son rayon d’action, sa compréhension des interactions du milieu qu’il explore. Il ne peut donc y avoir de raté car, tout manque de curiosité et de prudence de sa part se traduit par un échec, une agression, une douleur, etc. C’est ainsi qu’il se « développe ». Il en va tout autrement du petit humain. L’injonction culturelle, éducative, scolaire, etc. est en opposition presque totale avec cette loi naturelle. Très sommairement et brutalement, on pourrait résumer cette loi humaine de la façon suivante : « Tais-toi et écoute ». Et il faut bien reconnaître que peu de place est laissée à l’enfant pour exercer sa curiosité naturelle et instinctive. Est-ce la raison d’une certaine inadaptation de l’être ? Je ne sais.
    Peut-être trouve-t-on un début de réponse dans ce beau proverbe africain : « Il faut tout un village pour élever un enfant ».


Témoignages - 80e année


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