L’enseignement du français en question

5 septembre 2003

Je ne sais si vous avez lu, dans un courrier des lecteurs, la lettre de ce professeur de français qui s’adresse à son inspecteur, en donnant les raisons qui l’auraient amené à "ne pas faire la rentrée" cette année et à "ne plus enseigner". Venant d’un enseignant "chevronné", qui a donc des années de métier derrière lui, sa décision surprend, interpelle et, de toutes façons, ne peut laisser personne indifférent.
Dès les premiers mots, il ne cache pas son sentiment d’"impuissance" et d’"inutilité" devant "des élèves d’une classe de 3ème qui peinent à écrire une phrase complexe qui tienne debout et à distinguer la nature d’un mot et sa fonction".
Si je pouvais un peu le rassurer, je lui dirais qu’il n’est pas le seul dans ce cas : combien de ses collègues, en effet, connaissent les mêmes difficultés que lui, mais n’oseraient pas cependant les reconnaître publiquement ! Je n’entrerai pas, volontairement, dans les diverses raisons qu’il invoque, lorsqu’il met en cause, tour à tour, le "sacro-saint principe des classes hétérogènes", la "pédagogie différenciée" préconisée selon lui par les "idéologues et autres têtes chercheuses du ministère" qui n’ont jamais mis les pieds dans une salle de classe, la pratique du "décloisonnement" du français sous la forme notamment des "séquences", les "programmes prétentieux et inadaptés", la nouvelle terminologie abstraite que les professeurs de lettres doivent utiliser pour être tout à fait dans le vent, et qui passe le plus souvent au-dessus de la tête des élèves, le "dogme dévastateur du collège unique…". Je laisserai donc pour une autre occasion, si possible, le débat sur chacun des points avancés.

Mais je me contenterai pour l’instant de déplorer, comme lui, le manque d’intérêt croissant pour la classe de français et, ce qui me paraît encore bien plus grave, pour la simple lecture. Il n’y a qu’à voir, pour parler seulement de notre île, le nombre impressionnant de personnes qui ne lisent même pas le journal. Et sans vouloir ici en examiner les causes, ce qui nécessiterait un plus long développement, je me permets tout de même, quitte à dire des choses banales, de poser publiquement la question, et en premier aux responsables de l’Education nationale : comment en est-on arrivé là ?
À quoi est dû ce désintérêt criant pour les livres, alors que la grande littérature, inscrite au programme de toutes les classes de français, renferme tant de trésors inestimables, à la portée de tous - à condition évidemment de chercher passionnément tous les moyens pour les leur faire découvrir.
À mon humble avis, la première tâche du professeur de français, c’est de donner à ses élèves le goût de la lecture ; tout le reste, pour reprendre le vers fameux de Verlaine passé en proverbe : "Et tout le reste est littérature".
Mon étonnement, encore une fois, c’est qu’on finît par ennuyer - pour ne pas dire "embêter" ou un autre mot plus cru - tant d’enfants, tant de jeunes garçons et de jeunes filles, avec ce qu’il y aurait de quoi les dilater à l’infini… !


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