L’envers et l’endroit

2 juin 2003

Si l’on se fie uniquement aux apparences, celles qui sautent aux yeux du visiteur fraîchement débarqué dans un quelconque département français d’outre-mer, on ne peut voir qu’une seule partie de la réalité.
Imaginez son étonnement, par exemple, devant le flot de voitures neuves qui circulent sur les routes, les belles constructions de grand standing qui se dressent un peu partout, en ville comme à la campagne, la masse impressionnante de voyageurs qui prennent l’avion…
Et lorsqu’on lui dit que ces "quatre vieilles colonies" caracolent en tête pour le nombre des contribuables qui doivent payer l’impôt sur les grandes fortunes, le voilà définitivement convaincu de se trouver dans un vrai pays de cocagne.
Seulement, il y a aussi une autre face, qu’on ne peut cacher, et que nous révèlent les chiffres officiels. Pour La Réunion, par exemple : sur une population de 750 mille habitants, 122 mille demandeurs d’emploi recensés, 67 mille foyers devant se contenter du revenu minimum d’insertion (RMI), 330 mille personnes relevant de la Couverture maladie universelle et - qui l’eût cru ? - 100 mille illettrés déclarés !
Alors, devant cet immense casse-tête, les responsables politiques ne savent plus à quels saints - de droite ou de gauche - se vouer. Et certains en sont parfois réduits à des artifices. Telle présidente de Conseil régional, pourtant rompue aux arcanes du pouvoir et connaissant parfaitement la réglementation en vigueur dans le Parlement européen, va tenter de faire adopter par le Sénat, lors du débat sur la nouvelle loi-programme pour l’outre-mer, un amendement tout à fait contraire au sacro-saint principe de la concurrence entre les entreprises des différents pays membres de la Communauté. Lequel amendement, qu’elle devra retirer par la suite, stipule en effet que seules les compagnies aériennes dont le siège est situé outre-mer peuvent être exonérées de charges sociales.


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