L’humanité est-elle hors sol ?

9 juin 2018, par François Maugis

(et notre santé est-elle durable ?)

Pendant plusieurs millions d’années, les premiers humains se nourrissaient de divers végétaux, d’un peu de viande quand ils parvenaient à capturer des animaux, mais surtout de racines. C’est cette consommation pendant une période très longue qui a construit et fait évoluer notre métabolisme vers ce que nous sommes aujourd’hui. Or, de quoi se nourrissaient ces végétaux ? De l’humus, autrement dit de la fine pellicule de terre noire qui couvrait le sol des forêts primaires de l’époque. Nous avons tous un peu oublié cette histoire. Il faut en effet savoir que le mot « humus » est le père étymologique des termes « homme » et « humanité ». Il proviendrait du terme « ghyom » qui signifiait déjà « terre » en langue indo-européenne, parlée il y a plus de 4.000 ans.
L’homme, cet apprenti sorcier, ayant découvert (en partie) les mécanismes chimiques qui permettent d’alimenter la plante, ont remplacé la nature en épandant sur le sol un certain nombre de produits chimiques. Or la plante ne se satisfait pas de ce régime forcé très insuffisant. C’est la raison pour laquelle, pour éviter l’empoisonnement, elle va puiser dans le sol une quantité considérable d’eau. Tous les vieux agriculteurs qui ont connu autre chose que l’agrochimie le savent et se plaignent aujourd’hui des dépenses excessives en eau, en engrais et en pesticides qu’exige ce type d’agriculture. On peut même se demander si les difficultés économiques de nos agriculteurs, ne sont pas dues, au moins en partie, à cette situation.
Les aides de l’État compensent en partie les difficultés financières de nos agriculteurs. Mais ne vaudrait-il pas mieux reconstruire une agriculture authentique et durable plutôt que de subventionner cette agriculture hors sol qui n’enrichit que les usines de produits chimiques ?
Cerise sur le gâteau de l’absurdité et du disfonctionnement sociétal, ce sont ces mêmes usines qui produisent les médicaments censés nous guérir des maladies provoquées par les fruits empoisonnés de cette agriculture chimique.

François-Michel Maugis – La Réunion


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