L’image cachée de la télé

10 juillet 2006

Vous arrive-t-il de vous ennuyer en regardant la télévision ? Moi oui, et de plus en plus, car je ne trouve pas grand-chose à me mettre sous la dent.
Si je prends les journaux dits d’information, je suis un peu lassé par le flot rapide et continu des nouvelles, débitées à la queue leu leu, sans aucun lien entre elles, souvent sans aucune vibration des journalistes, guidés avant tout, semble-t-il, par la recherche du sensationnel, et qui finissent par reléguer au second plan les événements majeurs. Quant aux débats, ils traînent en longueur, s’ils ne pêchent pas par un trop plein d’intervenants qui ne sont pas toujours choisis en fonction de leur compétence. Que reste-t-il alors qui sorte vraiment du train-train quotidien ? Quelques émissions de variétés, des documentaires, un nombre limité de films ou de téléfilms.
Insensiblement, nous assistons à un phénomène d’aplatissement général devant un conformisme ambiant qui se veut rassurant mais qui sue l’ennui, et que traduit cette expression d’un connaisseur : la "médiocrité abrutissante".
Car le mot n’est pas de moi mais d’un expert en la matière, familier du monde si complexe de la radio et de la télévision, puisqu’il a travaillé à Radio France où il a occupé de hautes fonctions, qu’il est le créateur avec Jérôme Bellay de France Info, qu’il a été correspondant permanent pour la télé en Allemagne, notamment pour Antenne 2, et qu’il est l’actuel directeur de France Bleu, l’antenne des chaînes locales du groupe “Radio France”. Il s’agit de Michel Meyer, qui vient de faire paraître un ouvrage critique, au titre révélateur "Le Livre noir de la télévision".
À partir d’une longue et minutieuse enquête, il retrace avec une précision, à vous donner froid dans le dos, la "grande Histoire" mais aussi les "petites histoires" de la télévision française au cours de ces dix dernières années. S’il s’interroge sur la portée réelle de la multiplicité des chaînes - de 4 à 300 ou 400 seulement en France métropolitaine ! - et des conséquences pour les téléspectateurs de l’augmentation du temps passé devant le petit écran, il se dit encore plus inquiet de la dégradation de la qualité des programmes, étroitement liée à l’audimat qui module les recettes publicitaires. Gonfler au maximum l’audience d’une émission, telle paraît être la grande obsession, l’objectif prioritaire de toute la chaîne.
L’autre mot, encore plus terrible, c’est "télé-trash", en français "télé-poubelle", qui vient confirmer le diagnostic alarmant établi par Michel Meyer. Il suffit de voir, avec quelle cadence, les productions privées se multiplient, - Endemol en tête -, pour se faire une idée du rôle déterminant joué ici par l’argent, qui a fait littéralement main basse sur la télé, réussissant à merveille son entreprise de séduction auprès des téléspectateurs transformés en dociles consommateurs, et même, en voyeurs. Son livre, sorti en mars, aurait dû provoquer déjà quelques remous. Bizarre ! Vous avez dit "bizarre", comme c’est bizarre !

Georges Benne


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