L’impasse du tout routier

10 mars 2015, par Courrier des lecteurs de Témoignages

Une nouvelle fois, et sans remonter à Gamède qui en 2007 avait emporté le pont de la Rivière Saint Etienne, le passage d’Haliba confirme ce que nous ont déjà appris Dumile, Felleng (2013) et Bejisa (2014) : les infrastructures routières exposées aux pluies torrentielles, à la puissance de la houle et aux vents, ne résistent pas. Résultats : routes coupées, route du littoral à nouveau fermée pour plusieurs jours, radiers emportés et à reconstruire et des Réunionnais piégés parce qu’ils n’ont toujours pas d’autres choix que de prendre leur automobile.

Le Conseil Régional non seulement persiste dans sa politique du tout automobile et du tout routier, mais il mise désormais quasiment tout l’avenir des déplacements des Réunionnais sur une seule infrastructure, la Nouvelle Route du Littoral, dont le coût est estimé par les professionnels à plus de 2,5 milliards d’euros pour 12 km sans parler des 485 millions pour l’entrée Ouest de Saint-Denis et de la même somme pour la sortie Est, soit près d’un milliard supplémentaire à trouver. En revanche, les défis posés par le renforcement des infrastructures existantes du réseau routier, notamment les franchissements des radiers restent sans réponse.

Les automobilistes qui galèrent sur la route de la Montagne, la RD 41, pourraient au moins penser que la future NRL va changer leur vie en 2020, hélas, on peut s’interroger. En effet, de tous les arguments utilisés par le Conseil Régional pour justifier la construction de la Nouvelle Route du Littoral (NRL), le plus invraisemblable est celui de la sécurité.

Car comment les automobilistes pourraient-ils, demain, se sentir en sécurité sur un viaduc passant trente mètres au dessus de l’océan et exposé en période cyclonique à des rafales de vents pouvant dépasser les 100 km/h (celles de Felleng atteignaient 160km/h) si tant est que la circulation n’y soit pas restreinte ou interdite par le Préfet ?
Il y a à peine deux mois, en janvier 2015, une simple houle consécutive à la tempête Chedza, fracassait le chantier préparatoire de la NRL à la Grande Chaloupe.

La Région tente de rassurer une opinion de plus en plus sceptique, pourtant la récurrence de phénomènes cycloniques violents montrent que le choix du passage en mer, décidé à la fin des années 50, était une erreur que nous payons au prix fort. Depuis cinquante ans, les experts et les techniciens se trompent, il suffit de relire leurs discours rassurants qui à l’époque justifiaient la modernité et la sécurité de la 1ère route du littoral (1963) puis de la 2e (1976) ! Pourquoi devrions nous aujourd’hui continuer à les croire ?

En affirmant qu’une route passant sur la mer en milieu tropical est sécurisable, Didier Robert ne fait que perpétuer l’erreur des décideurs et ingénieurs des années 50, mais ces derniers avaient l’excuse de raisonner à une époque où on croyait que l’avenir était au tout routier et au tout automobile. Désormais, il est urgent d’en sortir !

Jean-Pierre Marchau
Elu EELVR

Route du littoral

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