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En marge d’un rapport du CESR
6 septembre 2004
“Union sacrée”, “parler d’une même voix”, comme l’a répété le responsable canne de la Chambre d’agriculture aux matinales de RFO, tout cela est bien. C’est peut-être même parfois nécessaire, surtout lorsque l’enjeu est important. Mais cela ne saurait suffire. Encore faudrait-il, au préalable, savoir de quoi on parle.
Pourquoi “l’union sacrée”, pour faire quoi et pour qui ? Sinon, cela risque bien n’être qu’un attrape nigaud de plus et la canne ne sera pas sauvée pour autant. Bien au contraire. Car, c’est le projet qui est déterminant et qui fera ou ne fera pas “l’union sacrée”.
Il y aurait d’abord lieu à tirer les leçons du passé : cela fait en effet près de quarante ans que La Réunion a un quota de sucre garanti de 300.000 tonnes. Jamais il n’a été atteint. Sur les quinze dernières années, La Réunion a produit en moyenne annuelle tout juste 200.000 tonnes de sucre. Soit 100.000 tonnes de moins que le quota qui lui était attribué. Autrement dit, la Réunion a PERDU en moyenne 100.000 tonnes de sucre chacune de ces quinze dernières années, soit l’équivalent de sept à huit années de production et donc de recette (plus que le coût du basculement des eaux d’Est en Ouest...!). Dans de telles conditions, l’argument consistant à dire à l’Europe : “touche pas mon quota” risque bien d’être un peu court et en tout cas de n’être pas très convainquant.
Difficile également dans ces conditions de réclamer la “compensation maximum” des pertes qui pourraient être occasionnées par le nouveau règlement. Car une “compensation maximum”, pour quoi faire ?
Si c’est pour accompagner la canne jusqu’à sa fin, parce que personne au fond n’y croit plus, autant le dire dès maintenant.
S’il s’agit, grâce à cette “compensation maximum” de mettre en place une sorte de “traitement social” qui profitera en premier lieu à une minorité, lui fournissant une rente de situation qui lui permettrait une reconversion ou des investissements extérieurs, il faut également le dire. Mais alors, quel serait l’intérêt des petits et moyens planteurs, et - au de-là - de La Réunion ? Et en quoi sauverait-on la canne ?
S’il s’agit encore de distribuer des subsides et ainsi tenter d’acheter une paix sociale - bien éphémère d’ailleurs - là aussi, on ne sauvera rien du tout.
Dans ces trois cas de figure, on resterait dans une stratégie de recul et d’abandon.
Il en irait autrement si la production elle-même était mise au centre, comme objectif prioritaire. Subventions, aides et autres compensations n’étant qu’un moyen à son service. C’est là la condition sine qua non de “l’union sacrée” et surtout de son efficacité. C’est ce que le CESR appelle "passer d’une logique de subvention à une logique de projet créateur de richesse". (1)
Alors, et alors seulement, la mobilisation pourrait se faire et s’imposerait par la force des choses à toutes et à tous. Puisque tout le monde y aurait intérêt et gagnerait.
La problématique en effet est des plus simples aujourd’hui : si La Réunion se maintient, comme cela a été le cas durant ces quinze dernières années, autour de 1,8 million de tonnes de cannes, va se poser dans des délais plus ou moins proches le problème de l’équilibre des deux usines restantes ; et si une d’entre elles connaissait des difficultés, ce seraient les deux et toute la production qui se trouveraient en danger. Ce serait par ailleurs tout le problème de la production d’énergie à partir de la bagasse qui serait posé. Le phénomène constaté durant les deux dernières campagnes, où l’on a enregistré une baisse des replantations, est inquiétant à ce titre.
Or, quoi qu’on en dise, La Réunion dispose de quelques points forts, ce que montre le rapport du CESR sur l’agriculture.
D’abord et malgré tout ce qui se dit, on a aujourd’hui une “lisibilité” de l’ordre d’une dizaine d’années pour le sucre, c’est à dire deux cycles de cannes. Dans quel domaine peut-on en dire autant ? Dès lors, il ne faut pas vouloir se suicider aujourd’hui de crainte de mourir dans dix ou vingt ans ; mieux vaut, au contraire, mettre à profit ce temps pour “faire plus et faire mieux” et ainsi faire reculer l’échéance supposée, et en même temps imaginer et entreprendre autre chose. C’est une question de raison.
De plus, on voit mal l’État d’abord et l’Europe ensuite, face à un projet de production qui donnerait satisfaction aux intérêt de La Réunion - planteurs, industriels, salariés, etc - s’y refuser et choisir délibérément d’enterrer la canne : le coût qu’ils auraient à supporter - tant au plan financier que social et humain - serait sans commune mesure avec l’effort à consentir pour soutenir un véritable projet de production.
Par ailleurs, comme le fait observer le rapport du CESR, l’agriculture attire aujourd’hui des jeunes mieux formés qui arrivent avec des diplômes, des compétences : il ne s’agit donc pas là de choix “par défaut” mais de véritables choix mûrement réfléchis pour lesquels les intéressés ont investi et se sont investis. L’ennui, c’est qu’il y a plus de demandeurs que de servis. À noter parallèlement de nombreux agriculteurs qui avaient abandonné la canne pour d’autres cultures et qui y reviennent. Tout cela est éminemment positif.
Ajoutée à cela, l’eau. On pleure sur le coût du basculement - un investissement à considérer sur un quart de siècle et même un demi siècle, soit dit en passant ; on fait grand bruit du tunnelier immobilisé ; on craint - non sans raison - la spéculation foncière. Mais on ne met jamais en avant ce que cela peut rapporter. Or, avec le basculement, on annonce six mille hectares irriguées ! Si par hypothèse cette surface était consacrée à la canne, La Réunion en tirerait au bas mot 600.000 tonnes de cannes supplémentaires ; ce qui permettrait d’approcher les 2,5 millions tonnes de cannes, ainsi que le quota de 300.000 tonnes de sucre, et du coup d’alléger les achats de charbon pour les centrales, d’abaisser les coûts de production et de transformation et en même temps d’engranger quelque quatre cents millions de francs de recette supplémentaire. Voilà qui ne ferait de mal ni aux planteurs, ni aux usiniers et encore moins aux salariés qui trouveraient là un peu plus d’emplois.
Ce sont là entre autres quelques points forts mais qu’il conviendrait de mettre en avant.
C’est donc autour d’un véritable projet de production dans lequel tout le monde serait gagnant que l’on pourra réaliser cette “union sacrée” ; et c’est avec un tel projet que l’on créera les conditions les meilleures pour l’emporter tant à Paris qu’à Bruxelles. Un projet, avec une “feuille de route” indiquant :
- Combien d’hectares de plus seront plantés en cannes l’année prochaine ; combien l’année suivante, et ainsi de suite.
- Les moyens qui seront mis en œuvre pour inciter les planteurs et les aider à se lancer dans ce projet de production. Sur ce plan, tous les moyens doivent se concentrer sur cet objectif prioritaire : ceux de l’Europe, ceux de l’Etat, ceux des collectivités.
- Un véritable comité de suivi et de pilotage, avec entre autres les professionnels, chargé d’appliquer la “feuille de route” qui serait véritablement responsable devant la collectivité.
Par ailleurs, La Réunion gagnerait en crédibilité, tant vis à vis de Paris, de Bruxelles que d’elle-même, si une série de décisions importantes que les collectivités ont à prendre très prochainement étaient elles-mêmes déclinées à partir de ces préoccupations et en fonction de cet objectif de production. On pense notamment au futur schéma régional d’aménagement (SAR), au DOCUP, au PLU et autres qui ne doivent pas être des gadgets à des fins électorales, mais bien des outils au service d’un projet de production. En l’occurrence celui-là.
C’est là un minimum. Alors “l’union sacrée” pourrait se faire dans la clarté, avec des objectifs clairs et déboucher sur une véritable mobilisation. Et Bruxelles et Paris auraient plus de difficultés à ne pas nous entendre et à ne pas prendre en compte nos demandes.
Polycarpe K/Bidy
Rubert Moutouchetty
Georges-Marie Lépinay
(conseillers économiques et sociaux)
(1) Ce rapport, intitulé “Quel projet de développement agricole pour La Réunion ?”, peut être consulté sur le site du CESR : www.cesr-reunion.fr
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