La cause des handicapés mentaux

1er septembre 2004

Maman d’une jeune déficient intellectuel - débile profond, c’est à dire 22 ans mais des capacités d’un enfant de maternelle -, je voudrais réagir à l’actualité.
Les personnes comme mon fils Manuel représentent 60% de la population des personnes dites différentes. Le projet du Tropic Guest House, celui de l’UPEHMR ne concernent que les 20% d’handicapés moteurs qui occupent à eux seuls aussi tous les projets d’insertion (accessibilité) des collectivités, le téléthon... La presse ne connaît qu’eux.
Je suis consciente qu’opposer les uns et les autres n’est pas grand, ni utile. Mais c’était sur mon cœur depuis longtemps. La faute au peu de place que la société octroie à ceux qui ne peuvent pas entrer dans le moule économique. Seulement, à force de ne pas y faire gaffe, les exclus deviennent de plus en plus nombreux.

Voici une autre façon de voir les choses. Priorité devrait être engagée pour aider les familles dont les enfants, une fois adultes, sont très difficiles (autisme, troubles du comportement avec agressivité, polyhandicaps). Ces familles vivent difficilement et dans l’indifférence, alors que quelquefois c’est la médecine et ses soi-disant progrès qui est responsable (accouchement raté, césarienne trop tardive, opérations du cerveau...). Là, il faut des établissements avec hébergement et personnel compétent.
À l’autre bout de la chaîne, Manuel et ses ami(e)s trisomiques ou non pourraient se contenter aisément de la seule solidarité de quartier, associations, ou regroupements de volontaires. Car ils ne demandent pas de personnels spécialisés, seulement de l’attention bienveillante, de l’animation de base. Et croyez-moi sur parole, leur bonheur alors nous éclabousse tous. Cela ferait du bien à notre société ! Encore faudrait-elle qu’elle en veuille, du bonheur !

Une réflexion devrait être menée pour insérer ces personnes déficientes mais très sociales en revoyant les règlements, les normes drastiques que nous nous sommes peu à peu concoctés. Car où trouver sa place quand on fait 1 mètre 80 et qu’on a l’attention d’un petit enfant, sa joie... pas son énergie ni ses avancées fulgurantes. Les centres aérés, les ludothèques, les bibliothèques, les après-midi jeunesse et tous ces systèmes de la CAF sont assujettis à la limite d’âge.
Favorisons un réseau de familles d’accueil organisé comme une crèche familiale pour offrir aux parents quelques jours de détente.
Réunir les handicapés en un même lieu n’est pas forcément la bonne solution ou la seule.
Soyons imaginatifs, courageux (sortons du parapluie), solidaires, nombreux, généreux, réfléchissons à nos avantages acquis (une partie de la sur-rémunération) et construisons un projet de société qui améliorera grandement, non pas notre confort matériel mais notre humanité et par là notre raison de vivre.
Je lance un appel aux jeunes qui s’ennuient, qu’ils viennent partager des moments avec nous et donner un peu de ce que nous n’avons presque plus : de l’énergie.

Françoise Piang Siong,
La Rivière Saint-Louis


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