La “concurrence libre et non faussée” : la preuve par GDF

11 mars 2006

Prenant prétexte d’une menace d’OPA (Offre publique d’achat : c’est l’opération par laquelle une entreprise, une banque ou toute autre firme financière offre de racheter les actions boursières d’une entreprise cible à un prix donné. Une OPA est dite “amicale” lorsque l’OPA a l’accord de la direction de l’entreprise cible. Elle est dite " hostile " dans le cas contraire) sur Suez, groupe privé, le gouvernement annonce précipitamment, ce 25 février, la "fusion" avec GDF, complétant ainsi la privatisation de ce qui fut, avec EDF, une entreprise nationale conquise en 1946, une des fiertés du service public en France.
Suez est une entreprise dont 70% des actions sont des capitaux flottants, c’est-à-dire qui se vendent et s’achètent sur les marchés, notamment par les fonds spéculatifs américains. Et c’est à cette sauce que l’on veut manger GDF, puisque, après la fusion, les actionnaires de Suez détiendront plus de 56% des actions de la nouvelle société.
Du coup, GDF privatisé deviendrait le premier concurrent d’EDF au compte des fonds de pension américains, tandis que les quelque 280.000 agents EDF-GDF verront leur statut remis en cause. Et demain, avec quel requin devra “s’allier” EDF pour se “protéger” d’une nouvelle OPA ?
Hier encore, il existait une entreprise nationale publique EDF-GDF, qu’on a scindé en deux. GDF absorbé par Suez, et demain EDF ? Derrière ce qui peut sembler absurde, il y a une logique, une logique destructrice.
Le trust allemand de l’électricité Eon vient de lancer une OPA sur l’espagnol Endesa. "L’Union européenne se déchire désormais sur les OPA", constatent Les Echos (28 février).
Le gouvernement espagnol s’en prend aux Allemands, les Italiens menaceraient les Français... au détriment des travailleurs de toute l’Europe. L’Union européenne, que les partisans du traité de Maastricht nous présentent comme le rempart contre la guerre et l’instrument de l’unité de tout un continent, apparaît aujourd’hui comme ce qu’elle est : l’outil de la dislocation des économies et des nations.
Ce à quoi on assiste, c’est à une véritable liquidation de l’industrie dans tous les pays, y compris dans les pays de l’Est de l’Europe, à qui on a fait payer ce prix pour pouvoir entrer dans l’Union européenne. Des millions de travailleurs y ont été jetés à la rue, leurs droits, leurs protections sociales liquidés. Ils ont été réduits à une masse taillable et corvéable à merci, qui, aujourd’hui, est disponible pour les "délocalisations" menées de l’Ouest de l’Europe, où, à leur tour, des millions de travailleurs sont jetés à la rue.
Tel est le résultat immédiat, direct, du principe de "concurrence libre et non faussée" inscrit dans le marbre du traité de Maastricht, dont découlent toutes les directives européennes, qui sont à la source de la privatisation d’EDF-GDF, ou encore du Contrat première embauche.
L’Union européenne est une formidable machine destructrice, qui a pour objectif de diviser les peuples, d’opposer les classes ouvrières mises en concurrence les unes contre les autres.
La "vieille Europe" que raille George Bush a surgi des plus grandes confrontations de l’histoire, mais aussi des révolutions et des luttes de classes qui ont abouti à des acquis, des droits et des garanties insupportables pour les fonds spéculatifs américains, qui y voient autant de "barrières protectionnistes". Et, précisément, la fonction de l’Union européenne est de les faire sauter.
Mais les travailleurs et les peuples d’Europe, de toute l’Europe, veulent vivre face à la liquidation économique et sociale qu’engendre l’Union européenne.
Une issue existe, elle est dans la volonté qui est commune, n’en doutons pas, aux travailleurs et aux peuples, qui refusent la déchéance et la misère. C’est là le sens du vote non des peuples de France et des Pays-Bas exprimant les aspirations de tous les peuples d’Europe.
L’Europe des peuples, l’union libre des peuples libres d’Europe, ne peut se construire qu’en rompant avec toutes les institutions de l’Union européenne, qui constituent un instrument entièrement au service des multinationales, des spéculateurs financiers et des fonds d’investissements dominés par les groupes américains. "
N’est-ce pas la voie de l’avenir ?

Jen Luc


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