L’eau au Tampon

La crise s’aggrave

17 novembre 2010

La Commune du Tampon comptera près de 100.000 habitants dans 10 ans. Selon les prévisions, la consommation d’eau des ménages augmentera de 50%, passant de 16.000 m3 aujourd’hui à 23.000 m3 par jour.

Conscient de l’importance historique et vitale de l’eau au Tampon, j’ai réussi avec toute mon équipe, à capter le Pont du Diable et restauré la retenue des Herbes Blanches, soit : 300.000 m3 de réserves pour le monde agricole, en 2004. Nous travaillions parallèlement, pour faire face à l’avenir, sur 3 ou 4 nouvelles retenues collinaires et le captage de la source Edgard Avril à Grand Bassin. Un grand chantier prioritaire à nos yeux, avec ses 1,2 million de m3 de réserve.

Si après mon départ des affaires communales, les nouveaux maires, Didier Robert puis Paulet Payet, ont poursuivi mon programme de canalisations à usage d’irrigation au profit de 200 agriculteurs et éleveurs des secteurs Bois Court/Piton Hyacinthe ils ont, hélas, oublié l’essentiel : les grandes retenues collinaires permettant d’alimenter ce réseau.

Il faut savoir que ces grands ouvrages peuvent être subventionnés à 8O% au niveau de l’État, l’Europe et la Région. Or, depuis 5 ans, rien n’a été fait, alors que nous avions légué à nos successeurs des finances communales extrêmement saines. Celles ci sont aujourd’hui dégradées, avec une capacité d’investissement amoindrie et des risques sur les financements futurs.

Nos deux maires misent donc sur la communication à outrance sur les petits travaux, à défaut de pouvoir parler de grands investissements porteurs d’avenir.

L’enjeu sur l’eau est pourtant de taille : de 80 (à mon époque) à 100 millions d’euros (aujourd’hui) restés en sommeil. En échange, qu’ont fait mes deux successeurs ? Ils ont mis en place, à grands frais, des techniques de goutte-à-goutte ainsi qu’un service de facturation d’eau agricole. En clair, ils se sont intéressés à la gestion de la pénurie, au lieu de s’attacher à en résoudre les causes profondes.

Le résultat aujourd’hui ? Il transparaît dans cette multiplication dérisoire et pathétique des communiqués expliquant aux familles, comme si elles ne s’en rendaient pas compte, qu’elles manqueront d’eau potable et aux producteurs d’eau, d’irrigation.

Mais, au-delà de cette campagne de communication, il est clair en réalité, que les promesses (le 17 octobre 2008 le maire Didier Robert, avait annoncé sans rire, une baisse des factures de 50% et la fin des coupures d’eau) volent en éclats. Pire encore, comment parler des futures zones d’activités au Tampon, cruciales pour l’emploi, si les entrepreneurs n’ont pas la garantie des livraisons d’eau ?

Par leur incurie, nos élus actuels réorientent vers Saint Pierre, les investisseurs, dont nous avions mis tant d’années à rétablir la confiance. Le Tampon de demain risque fort à ce rythme de redevenir la banlieue de Saint-Pierre ! On est retourné 30 ans en arrière !

En tant qu’ancien maire et à titre personnel, je souhaite vivement que la pluie vienne rapidement et que la nature compense l’incompétence humaine, dont souffrent bon nombre de mes compatriotes tamponnais auxquels je dis toute ma solidarité.

André Thien Ah Koon

Didier Robert

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