Le sociologue Fabien Truong affirme : « Le jeune de banlieue n’existe pas » (Libé, 4 novembre 2010). Il n’existe ni comme l’Ennemi intérieur, cause de l’insécurité endémique en France, ni a contrario comme éternelle victime raciale d’une stratégie anti-jeune du Pouvoir. Il n’est ni également l’objet de revanche ou de remords dans un Occident pensé comme indéfiniment colonial. Le casseur cagoulé, archétype de la « racaille incivile », serait pour Truong une invention médiatique comme le furent la Bête de Gévaudan ou le Juif errant ; la cagoule masquerait des pathologies de la couleur ou de la croyance. « C’est dans l’usage incontrôlé de la langue que commencent la discrimination, le sentiment d’injustice et la confusion des genres », souligne-t-il. Il affirme que des élèves du 93 réussissent, en surmontant les déterminismes culturel et social qui structurent leur condition commune.
L’abus de langage est un travers partagé dans les slogans des manifestations et les formules médiatisées. Se souvient-on du tollé soulevé par ce journaliste de la télévision d’État expliquant que l’émeute de 1991 au Chaudron était déclenchée par des « cagnards ». Les excuses ne suffirent pas pour éviter que le logement de son directeur ne soit incendié. Bourdieu ne prétendait-il pas que la jeunesse n’est qu’un mot ; il avait tort : la jeunesse n’est pas qu’un mot. Mais doit-on accepter pour autant qu’elle soit réduite à un mot d’ordre ou à un danger, et qu’elle prenne, au gré de nos fantasmes, des allures de menace et d’irresponsabilité ?
La fille est peu de chose
L’élément déclencheur des émeutes urbaines de 2005 est connu : deux jeunes trouvent la mort le 27 octobre à Clichy-sous-Bois dans un « grand jeu urbain » qui a mal tourné. Cette tragédie masque un autre drame ordinaire et quotidien : la situation des jeunes filles dans les territoires périurbains. Sohane brûlée vive à Vitry-sur-Seine à 18 ans en octobre 2002 est une icône cachée de cet autre drame de la jeunesse qui semble d’un autre âge. Une figure oubliée, car c’est une fille assassinée par un autre jeune. Tous deux partageaient la même géographie et la même histoire, et ce même moment privilégié d’une vie que l’on appelle la jeunesse. Mais la jeune fille est avant tout fille, c’est-à-dire peu de chose ; une Schéhérazade qui doit chaque jour différer la mort annoncée. Et vivre soumise, effacée et opprimée dans la terreur de ne pas satisfaire l’homme. Le recours à la violence, c’est la défaite de l’intelligence. Quand les jeunes sortent de l’école pour descendre dans la rue, cela signifie que l’école n’est plus perçue comme le lieu de construction de l’avenir et de production de réponses pour le bonheur. L’école est le plus beau cadeau qu’une société peut faire à sa jeunesse, et ce cadeau coûteux de la solidarité nationale est violenté par ceux-là mêmes qui doivent en tirer bénéfice. Certains jeunes ne sont pas armés pour aborder l’autre dans la douceur tumultueuse des émotions. Ils sont dépourvus de savoirs pour être interconnectés à un monde complexe et pour démêler les multiples possibilités de socialisation virtuelles ou réelles. Ils sont condamnés à rester alvéolés dans un monde vécu en petit : leur quartier, leur rue ou leur immeuble.
L’Éducation populaire n’a pas de prix
Qu’il soit sultan sanguinaire ou jeune mâle sanglé dans ses codes d’appartenance, chacun a besoin de mots pour séduire Schéhérazade, et tenir durablement au loin les rivaux épris. Ainsi, toute politique de Jeunesse doit reposer sur l’éducation. C’est à l’école, c’est-à-dire dans l’apprentissage d’une culture de vie, que l’on tient à distance la mort ; c’est dans cette fabrique de mots et de rites que l’on explore toutes les possibilités pour tirer plaisir et profit de l’existence de l’autre. Et comme prolongement de l’école, tout au long de la vie et plus avant dans la nuit, il y a ces initiatives de bénévoles qui veillent pour que tous les enfants grandissent. Sur ces sites de l’Éducation populaire dans les quartiers, une étincelle pourrait sauver de la perdition en meute ; car la délinquance socialise, comme l’alcool et les psychotropes, pour agencer des nuits turbulentes ; le football aussi, que l’on joue ensemble dans le respect des règles comprises, comme la musique que l’on apprend ensemble pour ne pas blesser l’harmonie. C’est pour cela que chaque association socio-éducative de quartier qui disparaît est un sinistre dangereux. Aux cyniques, rappelons que, comme toute entreprise humaine, si l’Éducation populaire a un coût, elle n’a pas de prix, afin de maintenir des écosystèmes vertueux et pour ne pas romantiser la violence, dont les premières victimes sont les jeunes.
Mario Serviable,
Inspecteur de la Jeunesse et des Sports
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