La France de l’océan Indien ?

18 septembre 2003

Les récents "Jeux des Iles" nous ont valu de nous réinscrire dans l’ensemble insulaire français (!?) de l’océan Indien. Ainsi, Mayotte a pu y figurer sans blesser les susceptibilités comoriennes. Ce n’est plus telle ou telle île qui est reconnue à part entière dans la compétition. Non. C’est "la France de l’océan Indien"… !
Je trouve que c’est énorme comme tour de passe-passe et ne peux admettre que La Réunion disparaisse ainsi, avec son identité propre, de la liste des participants.
Le plus curieux, c’est que personne ne s’étonne de ce regroupement aux relents de clandestinité… Notre île, jusque dans ses relations extérieures, laisse s’épaissir l’anonymat qui, dans la politique intérieure, tend à effacer le Réunionnais, à tous les niveaux.
Déjà la sollicitude dont on est l’objet laisse désagréablement l’impression d’être encore des gosses turbulents à tenir en laisse. Un cyclone à 600 km nous interdit toute sortie ; notre volcan se met-il à frémir et un cône par là à s’orner de quelques rougeurs, aussitôt tout accès est contrôlé, sinon interdit… Pas besoin que le temps soit vraiment mauvais pour que le "représentant de l’État" sorte son ou ses parapluies… !
Ça n’a l’air de rien. Mais, de la part des plus hauts responsables, n’est-ce pas un peu le même état d’esprit qui nous vaut certaines réflexions ministérielles, un peu de ce genre : « Ils ne sont jamais contents » - « Toujours en train de rouspéter ! » - ou encore la réduction à l’état de « rumeurs », des menaces pesant sur l’avenir de certains emplois précaires… Et en général, la non prise en compte de nos spécificités les plus évidentes, tel que l’impact de notre démographie sur la situation scolaire.
Ajoutez à cela les oui-oui bénissant, assimilationnistes, des élus locaux de la majorité gouvernementale, qui considèrent presque comme séparatiste d’inscrire nos revendications dans la réalité locale - et l’on comprendra que ce n’est pas non plus de ce côté-là que le Réunionnais aura son compte d’identité propre et sa liberté d’expression !
Quant à Radio Réunion (?) qui porte si mal son nom - elle a, chaque jour, tout dit de l’actualité locale, quand elle a décliné à toute vitesse quelques faits divers, vous envoyant à RFI ou France Info, pour… le détail ! Heureusement que, dans la débâcle, ont été sauvées l’émission en créole de 12 heures 30, le samedi, et, quasiment chaque matin, la gouaille typiquement réunionnaise de Vincent Hoarau.
Mais il faudrait une rubrique quotidienne pour relever les excentricités et autres originalités verbales et de programme de "Radio Réunion". Nous aurons certainement l’occasion d’y revenir, car ceux qui animent ce "service public" font un peu école en bien des domaines et ils n’ont pas le droit de traiter le langage n’importe comment.
Vous voyez que La Réunion n’est pas sortie de l’auberge où l’on s’acharne à la séquestrer. Comme s’il n’était pas "présentable", notre pays, avec sa culture et son look. Assez faire honte à nous, don !


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