La France, vous la préférez kaki ou bleu marine ?

7 juillet 2006

"Depuis quand l’uniforme des militaires, des gendarmes et des pompiers ne serait pas socialiste ?" L’interrogation existentielle de Ségolène Royal démontre à quel point, si besoin était encore, la social-démocratie a renoncé à transformer la société, pour se transformer en chien de garde servile du capital.

Pas de discussion possible sur les pompiers, évidemment. Mais comment un socialiste peut-il s’approprier des institutions (police et armée) dont la fonction est essentiellement, dans le système capitaliste, de défendre un ordre économique et social foncièrement injuste (et pour parer à toute critique, je vise aussi le capitalisme d’état de l’ex-URSS) ? Comment peut-on oublier les crimes commis lors des guerres coloniales (conduites par les socialistes pour certaines) et toutes les turpitudes de la politique post-coloniale en Afrique (Rwanda, Cote d’Ivoire, et j’en passe), toujours au nom du capitalisme français ? Comment un socialiste peut-il tolérer une police politique chargée de surveiller les mouvements sociaux, j’ai nommé les renseignements généraux (que je salue au passage, je sais qu’ils lisent aussi le journal) ? Comment un socialiste peut-il ignorer que la paix sociale est impossible sans justice sociale, et que revendiquer davantage de répression policière ou militaire n’est pas compatible avec toute perspective d’émancipation sociale ?

Tout compte fait, le minimum qu’on puisse espérer des socialistes, c’est qu’ils cessent de salir le mot "socialisme". Et à mon avis, c’est le maximum qu’on pourrait en tirer et ce n’est même pas pour demain si l’on en juge par une déclaration récente de Malek Boutih (PS) : "Utiliser l’armée peut parfois être utile. On l’a même utilisée lors des grandes grèves d’éboueurs, alors pourquoi ne pas faire appel à elle pour discipliner les jeunes ?".

Avec l’UMP, on aura l’État policier. Avec le PS, ce sera l’État militaire. Ceux qui sont allergiques au kaki et au bleu marine n’ont qu’à se munir d’un sac vomitif.

Joël Grouffaud


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