La fraude électorale, instrument du pouvoir

1er août 2006

En dépit des apparences, et malgré un déploiement sans précédent de toute leur puissance, les États-Unis d’Amérique connaissent en ce début de siècle - et à leurs portes mêmes - de graves difficultés qui mettent sérieusement en cause leur hégémonie dans cette partie du monde. C’est la poussée spectaculaire des forces de gauche aux dernières élections au Venezuela, au Brésil, en Uruguay, en Bolivie, au Chili... et maintenant au Mexique.
Car le vrai vainqueur de la présidentielle du 2 juillet, c’est Andrés Manuel López Obrador, du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche modérée), même si le gouvernement en place, par une opération de camouflage, de désinformation et par l’utilisation de truquages à grande échelle, - un véritable "coup d’état électoral", selon le journaliste Ignacio Ramonet - a réussi jusqu’ici à faire croire à la victoire probable de son candidat Felipe Calderón, du Parti d’action national (PAN, droite catholique, au pouvoir). Mais la proclamation définitive des résultats, remise au 6 septembre prochain à la suite d’une formidable mobilisation de masse dans tout le pays, dira si oui ou non la démocratie a réellement triomphé.
C’est que les autorités locales, solidement appuyées par le patronat et les grands médias, avec le soutien actif de l’administration des États-Unis et des oligarchies du continent américain, n’ont lésiné devant aucun moyen jusqu’à utiliser la fraude la plus grossière, pour empêcher coûte que coûte l’accession au pouvoir de M. López Obrador. Déjà, les sondages l’avaient donné gagnant, mais son programme de lutte contre la pauvreté n’était pas sans faire redouter à certains la perte de leurs privilèges et surtout l’amorce de profonds changements dans la vie économique et politique du pays. Deux années auparavant, à travers des bandes vidéo diffusées par les chaînes de télévision favorables au pouvoir, Televisa et TV Azteca, n’avaient-elles pas tenté de le discréditer ? L’année d’après, n’avait-il pas été poursuivi, condamné, emprisonné même, sur de fausses accusations, dans le but principal de lui faire perdre ses droits civiques ? Et il a fallu, comme après l’élection de juillet, de puissantes manifestations pour faire reculer ses adversaires malhonnêtes. Comme l’écrit l’éditorialiste du “Monde diplomatique”, à une trentaine de jours du verdict qui devrait être prononcé par l’Institut fédéral électoral, "M. López Obrador et le peuple mexicain n’ont pas dit leur dernier mot".

Georges Benne


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