La mémoire : la santé du monde

17 novembre 2008

C’est honteux, ce rapport d’André Kaspi. Comme l’a fait la MCUR (1), il faut condamner de manière ferme les propositions de cet historien. Il est indispensable au nom de nos ancêtres esclaves de commémorer la Traite, l’abolition de l’esclavage.
Pendant des années, les pays, les Iles esclavagistes n’ont pas été acteurs de leur histoire. L’esclave a partagé aux côtés du colonisateur une existence précaire ; appelé Noir, l’esclave a toujours appartenu au pôle négatif de la société de plantation immobile. L’esclave est resté une "non personne". Il n’a existé que par son ombre d’homme nié et par sa fonction d’outil de production.
André Kaspi a t-il oublié toutes ces luttes meurtrières menées pour abolir ce crime contre l’humanité ? A t-on oublié cette institution discriminatoire où des hommes et des femmes étaient perçus comme une race inférieure, impitoyablement guetté et déshumanisé par l’omnipotence aristocratique du maître et sa justice quasi autonome de planteur ? Faut-il rappeler que le développement économique de notre île repose sur cette importation massive de main d’œuvre servile. La mise en sucre de notre île a généré un travail servile de caractère industriel à l’usine mais aussi aux champs.
La plantation repose sur la méthode de Desbassyns, mais a été construite par le travail du Noir, de l’esclave de pioche. Les usines et leurs bâtiments, les infrastructures hydrauliques sont construites par les esclaves dont les métiers artisanaux traditionnels (maçons, charpentiers, forgerons...) sont stimulés.
Ces commémorations sont utiles pour éclairer notre histoire ; ces jours de mémoire de la traite et de l’esclavage doivent rester dans le calendrier national pour condamner tous ces crimes. La mémoire c’est la santé du monde ; elle est l’alliée de la paix sociale. Beaucoup de thérapeutes soulignent l’importance de ces mémoires passées, émotionnelles résidant quelque part en nous, inassouvies et capables d’engendrer divers troubles et maladies. la recherche et la valorisation de ce passé esclavagiste restent nécessaires non seulement pour panser les plaies mais aussi pour garantir la paix sociale dans notre île encore plus unie.

Aline Murin-Hoarau, adjoint au Maire de Ste Suzanne.

(1) Voir "Témoignages" du 15 novembre page 16 - NDLR

10 mai

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