La parentalité et ses enjeux de pouvoir

14 novembre 2005

La parentalité englobe les différentes façons d’être, de penser et d’agir d’un parent dans une société donnée. C’est un thème actuellement à la mode.
Il est toujours intéressant de multiplier les études ou les colloques sur un thème en faisant appel à des chercheurs de métier. De nouveaux savoirs s’en dégagent forcément. De grosses sommes d’argent sont consacrées actuellement sur ce thème autour des parents, ce qui révèle une évidente préoccupation de société. Le parent fait apparemment l’objet de beaucoup d’attention car il est reconnu comme l’acteur essentiel de l’éducation de l’enfant. Cependant, il faut admettre que très peu d’études approfondies impliquent les parents eux-mêmes dans le processus de recherche, limitant ainsi son impact.
Les exigences académiques dans la volonté d’objectiver un savoir évacuent généralement l’aspect subjectif du savoir lorsqu’il s’agit d’êtres humains. En d’autres termes et pour l’objet de recherche “parent et sa parentalité”, il y a autant de réalités de parents qu’il y a de parents. Chaque parent élève son enfant avec ses valeurs, ses espoirs, ses projections conscientes et inconscientes. Chaque parent se réfère à une théorie tacite en grande partie inconsciente qui le guide dans l’art d’éduquer son enfant. L’abord de la subjectivité de chaque parent est donc exclu ou occulté par les professionnels de la recherche. En d’autres termes, le parent dans sa singularité n’est pas reconnu. Celle-ci n’est donc pas étudiée. De fait, le parent n’est pas considéré comme chercheur potentiel pouvant être impliqué en tant que conducteur (ou co-conducteur) de recherches.
Cette occultation est associée au désir d’effectuer des recherches sur des “objets” “dociles” et non des sujets (à la première personne) pouvant s’émanciper des chercheurs. La question du pouvoir de ces derniers est posée. La recherche porte sur le parent et non avec. Encore une fois, il est maintenu dans son statut d’assisté.
Promouvoir la parentalité devrait commencer par l’implication des parents en les laissant libres des orientations qu’ils souhaiteraient donner à l’exploration de l’univers de la parentalité afin que les recherches menées leur servent directement.
Dans ce sens, de 81 à 86, nous avons créé, une mère de famille, une pédiatre et moi-même (comme psychologue) une Maison des Parents et des Praticiens de l’enfance. Cette structure (animée par cette mère) ouverte sur un quartier de Paris 17 permettait des rencontres entre parents et des échanges avec des professionnels de l’enfance. Une réflexion sur des thèmes touchant l’éducation et la santé des enfants se menait. Cette Maison permettait de comparer différents points de vues exprimés sur une question, différentes façons de voir, de porter de nouveaux regards etc... Qualifiée de “Forum des parents” par l’O.M.S., elle favorisait le lien social pourrait-on dire maintenant. Une culture urbaine de proximité se développait. Après 5 années d’expérimentation, cette maison de quartier a dû fermer faute de reconnaissance publique parisienne.
Depuis, nous avons régulièrement attiré l’attention de responsables administratifs et politiques sur ce thème. Est-il encore temps, en considérant les événements très durs de ces derniers jours, de repenser l’éducation et les différents rapports aux parents ? Nous ne désespérons pas d’être entendus un jour.

Frédéric Paulus


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