La politique culturelle de la Restauration Robert-Vergoz

5 juillet 2010

De jour en jour, on prend conscience de la dimension profondément réactionnaire (retour en arrière) de la politique culturelle de la mandature Robert-Vergoz. Nous n’en sommes plus à l’époque de la francité hystérique des années 1960. Le “multiculturalisme” est passé par là comme le désir de la petite bourgeoisie réunionnaise de se distinguer un tout petit peu des “métropolitains”.

Résumons cette politique en quelques points :

- Soumission à l’expert venu de “métropole”

- Folklorisation de la culture

- Consentement à quelques éléments soigneusement sélectionnés pour mieux étouffer le reste

- Multiculturalisme mou, consensuel et soumis à l’économie marchande

- Louange purement verbale de la “diversité” tout en ne favorisant aucun des programmes de développement culturel

- Clientélisme cynique

Imaginons que la Martinique, la Guadeloupe, ou la Guyane aient réussi à faire inscrire au Patrimoine mondial de l’humanité une création culturelle produite par les esclaves. Toute une politique de valorisation serait mise en place, des moyens, des ressources.
Revenons à La Réunion : débat idiot sur séga ou maloya ; valorisation du bout des lèvres ; Christine Salem à la Fête de la Musique au Ministère de la Culture, mais juste pour 20 minutes en accompagnement musical du cocktail ; grande fête du séga. Si nous avions besoin de plus pour comprendre que maintenant c’est le retour à l’ordre ! Plus question de valoriser la culture des opprimés, des descendants d’esclaves, d’engagés et de colons, mais celle de leurs petits-enfants QUAND ils ont “réussi”. C’est l’ORDRE qui revient !
Penser qu’en baisant la main du maître, on va sauver sa peau est une illusion. On ne la sauve que pour un temps. Le maître n’a que mépris pour nous. Il fait carrière sur notre dos. L’un, haut fonctionnaire à la Préfecture, fait venir son frère pour monter un business de développement durable devant les opportunités qui s’ouvrent. L’autre rédige un rapport sur les perspectives culturelles après un séjour de quelques jours. L’un devient professeur des universités sans avoir jamais publié dans une revue scientifique de renommée quand nos jeunes diplômés ne trouvent même pas un poste de chargé de cours. Ils publient sur nous, parlent pour nous. L’autre célèbre la « culture authentique » et devient spécialiste des musiques réunionnaises. Ils laissent la place à quelques-uns d’entre nous, quelques « évolués », comme on disait au temps des colonies, c’est-à-dire ceux qui surtout ne disent rien qui fâche, qui restent dans le rang, ou quelques artistes qui ont la chance de passer l’examen de l’artiste “world”.

Notre culture populaire est menacée, celle sans qui aucun de ceux qui prétendent en être les représentants n’existerait aujourd’hui. Elle est née dans le creuset des résistances, dans les tensions, les conflits.

Il n’y a JAMAIS eu d’harmonie à La Réunion, mais toujours des inégalités, du mépris, du racisme. Et c’est dans les luttes contre ces inégalités, ce mépris, ce racisme que les expressions culturelles se sont forgées.

Jeunes Réunionnais, apprenez auprès de vos aînés l’histoire des luttes. Inspirez-vous de leur courage pour secouer le couvercle qui nous étouffe. N’ayez pas peur des menaces de nos maîtres éphémères.

Collectif La Fournaise

Didier Robert

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