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« Nous vivons dans une lutte pour la reconnaissance » Michaël WALZER
20 juin 2023, par
L’adoption à marche forcée de la réforme des retraites du président Emmanuel Macron et son gouvernement via les articles 47-1, 44-3 et 49-3 pour enjamber le Parlement – réforme dont le contenu est largement rejeté par l’opinion (70% des français) et par les forces syndicales – est reçue par l’immense majorité des françaises et des français comme une forme de mépris : un sentiment de ne pas être respecté comme travailleur et/ou comme citoyen. Ils/Elles se sentent humilié-e-s et méprisé-e-s par un gouvernement qui fait peu de cas de l’opinion publique et des forces intermédiaires.
Ce sentiment de ne pas être respecté et reconnu dans sa dignité de personne, bref de non-reconnaissance, est lourdement ressenti par un nombre considérable de personnes dans de nombreuses situations et sphères d’activités. Pour la très grande majorité de nos concitoyens issue du monde de l’immigration ou de l’esclavage, par exemple, la non prise en compte de leur histoire respective dans la construction de la nation est perçue comme un déni de leur propre existence et de leur intégration dans la République (Stéphane Dufoix, 2005). Nous assistons même depuis quelques décennies à ce changement de paradigme : là ou tout ou presque se formulait en termes d’avoir, de redistribution économique, tout se cherche et se pense en termes d’être, d’identité et de « demande de reconnaissance » (Alain Caillé, 2007).
La reconnaissance au cœur du social
C’est avec les travaux du philosophe et sociologue allemand Axel Honneth et son ouvrage La lutte pour la reconnaissance (1992 pour l’original et 2000/Paris Cerf) que le vocabulaire de « la demande de reconnaissance » est entré dans les disciplines sociologique et psychologique. Certes, le concept n’est pas nouveau et Honneth n’est pas le seul théoricien de la reconnaissance, mais on doit au philosophe allemand d’avoir repris, dans le sillage de son compatriote, le philosophe Hegel (1770-1831), la question de la reconnaissance avec rigueur pour en faire le pivot d’une nouvelle théorie de la société, comme le souligne Catherine Halpern Cairn. Info, 2013).
Le concept de reconnaissance, comme le rappelle Axel Honneth lui-même, repose sur l’idée que « la qualité morale des rapports sociaux ne peut pas être seulement mesurée à l’aune de la répartition juste ou injuste des biens matériels, mais que la justice doit aussi intégrer, de manière tout à fait essentielle, nos conceptions sur la manière dont les sujets se reconnaissent les uns les autres, et sur l’identité qu’ils se reconnaissent mutuellement » (Reconnaissance, dans M. Canto-Sperber, Dictionnaire d’ éthique et de philosophie morale, 2004)
Le thème de la reconnaissance s’est ensuite progressivement imposé dans les mondes du travail, de la santé, du social et dans tous les domaines où les attentes et demandes de reconnaissance ont fait surface. Et ce, plus particulièrement, pour penser la place des minorités, les discriminations, les violences faites aux femmes, la préservation des identités collectives, des cultures et des langues minoritaires, etc. Elles portent également sur la réparation symbolique d’évènements passés (génocides, esclavage…). La reconnaissance, telle qu’elle a été conceptualisée par Axel Honneth, est devenue l’une des cautions théoriques majeures des courants pour lesquels la lutte contre les stigmatisations culturelles d’identités bafouées est devenue la priorité absolue.
Les trois formes de d’interaction sociale et d’intégration
Pour Axel Honneth, si la question de la reconnaissance survient dans la société à travers les sentiments de non-reconnaissance – mépris, humiliation, stigmatisation, marginalisation et autres dignités blessées – nous ne pouvons les comprendre sans nous référer aux principes positifs de reconnaissance sur lesquels ils s’appuient. Et les principes positifs autour desquels notre auteur développe son éthique de la reconnaissance s’expriment dans trois sphères de reconnaissance intersubjective ou trois formes d’interaction sociale et de reconnaissance mutuelle :
Autrement dit, pour Honneth, la reconnaissance – le rapport positif qu’une personne entretient avec lui-même, à travers cette succession de relations de reconnaissance, est la condition nécessaire de toute socialisation. « Les formes de reconnaissance de l’amour, du droit et de la solidarité constituent des protections intersubjectives garantissant les conditions de liberté intérieure et extérieure », déclare Axel Honneth (2000). Ces principes, précise-t-il encore, forment pour ainsi dire la grammaire de notre vie sociale (Sciences Humaines, n° 172-Juin 2006).
Des dignités blessées à la lutte pour la reconnaissance
Mais si le rapport positif à soi, dans ses différentes dimensions, est source de participation à la vie de la société et de libération, il s’avère vulnérable. Car autrui peut refuser de me reconnaître, voire me mépriser et me rejeter. Cette absence de reconnaissance (mépris, humiliation, invisibilité) est alors vécue comme une « blessure morale » qui « ébranle la relation pratique à soi-même ». Cette réaction émotionnelle négative, comme elle est souvent partagée par un ensemble de personnes de la même communauté culturelle, donne lieu à un sentiment d’injustice fournissant « le motif déterminant d’une lutte pour la reconnaissance ». De fait, pour Honneth, les expériences individuelles de mépris, interprétées comme des expériences typiques d’un groupe tout entier, motivent la revendication collective de larges relations de reconnaissance. La quête de reconnaissance auprès des autres groupes sociaux-culturels devient une lutte continue pour plus de respect, d’estime et de reconnaissance pour son propre groupe, ainsi revalorisé à ses propres yeux et aux yeux des autres groupes. Nous pensons à tous les groupes sociaux-culturels qui militent ici et ailleurs pour un autre paysage statuaire possible de nos villes, plus sensible à une pluralité de mémoires.
Ce sont donc les sentiments collectifs d’injustice et de mépris, ainsi que le non-respect d’attentes de reconnaissance qui dans la théorie d’Axel Honneth servent de moteur aux conflits sociaux et de créativité associée aux multiples formes de résistances suscitées par ces conflits. Allant dans le même sens, Emmanuel Renault, autre théoricien de la reconnaissance déclare : « Penser la justice à partir de l’expérience de l’injustice, c’est la penser du point de vue des dynamiques pratiques et normatives dirigées vers la transformation sociale… » (Paris, La Découverte, 2004). Et cette lutte pour Honneth et les autres théoriciens de la reconnaissance n’est pas considérée comme une menace à l’ordre social, mais plutôt comme un vecteur, un médium, de l’intégration sociale.
Par ailleurs, si les théoriciens de la reconnaissance – tel que Charles Taylor, Nancy Frayer, Michaël Walzer, Emmanuel Renault … – constatent que les conflits suscités par les attentes non satisfaites de reconnaissance constituent aujourd’hui le moteur historique du développement de nos sociétés, ils n’opposent pas pour autant la lutte pour la reconnaissance à la lutte pour une plus juste distribution des richesses. À tout le moins, le glissement des conflits liés à la répartition des fruits du travail aux luttes pour la reconnaissance ne doit pas être vu comme une substitution ou un remplacement. Bien mieux, pour la philosophe féministe américaine Nancy Fraser, une véritable reconnaissance politique n’est possible que si elle passe également au niveau socio-économique par une redistribution du capital. Bref, il convient de combiner plus étroitement les concepts de reconnaissance et de redistribution.
En résumé, les théoriciens de la reconnaissance, Axel Honneth en particulier, nous invitent à porter une plus grande attention à ce qui se passe autour de nous et tenter de comprendre la manière dont se vivent et se disent les injustices et dénis de reconnaissance, les réactions qui en découlent et les réponses politiques à apporter pour permettre aux uns et aux autres de disposer des conditions d’une vie réussie. « La reconnaissance est une idée régulatrice dont nous ne pouvons pas nous passer » (Axel Honneth, SH, 2006).
Reynolds MICHEL
Le Port, juin 2023
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