La raison du plus fort

9 avril 2003

« La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Non comme valeur morale évidemment, mais comme critère du pouvoir, de l’efficacité matérielle et pratique, de la réussite sociale… Elle l’emporte à tous les coups, en tout temps et en tout lieu. Tel est l’amer constat formulé par La Fontaine au tout début de sa fable "Le loup et l’agneau", avant même le récit du drame cruel qui vient logiquement le vérifier et l’illustrer.
Depuis longtemps déjà, bien avant l’inimaginable et effroyable attentat du 11 septembre 2001, l’hyperpuissance américaine l’avait prémédité : se débarrasser coûte que coûte - pour commencer - de Saddam Hussein, l’un des coupables désignés. Un Saddam Hussein qu’elle avait pourtant ménagé et même soutenu pendant de longues années, tant qu’elle estimait que ses propres intérêts n’étaient pas menacés par le dictateur irakien.
Et le monde atterré assiste impuissant au déchaînement de la force brutale et aveugle, dont la première victime est sans aucun doute le peuple irakien, pris en otage comme le seront du reste tous les autres peuples du monde.
Car au-delà des déclarations destinées à calmer et à rassurer l’opinion et des multiples tentatives pour justifier le coup de force contre l’Irak, qui évoquent étrangement toutes les fausses raisons avancées par le Loup de la fable, ce qui prime avant tout c’est l’intérêt économique : le pétrole, principale ressource d’énergie n’est pas inépuisable, et celui produit par l’Irak est l’un des meilleurs de la planète.
Voilà ce qui ressort clairement de l’analyse rigoureuse et approfondie faite par Bruno Guigue dans un article en tout point remarquable, publié dans la presse locale sous le titre apparemment paradoxal : "Pourquoi l’Amérique va perdre la guerre".
Car enfin, cette offensive meurtrière lancée par les États-Unis, de concert avec l’Angleterre, même si a priori elle semble être à leur avantage, malgré les revers et les déboires rencontrés, elle risque de se retourner contre eux, à plus ou moins brève échéance.
Outre le sursaut de révolte qu’elle a déjà provoqué, elle va amener inévitablement une prise de conscience plus aiguë de la situation catastrophique dans laquelle se débat notre monde et qui est due, pour une très large part, au système du tout-marché mis en place sous le nom de mondialisation, au profit prioritaire des pays riches, dont justement les États-Unis et l’Angleterre.


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