La Réunion, le bâtard du dialogue des nations

25 février 2017

Le statut de La Réunion me fait penser à celui du métis. Et il y a des histoires de métis fort tristes. Avec un papa blanc et une maman noire ou l’inverse, le pauvre rejeton, ne sait plus où il habite. Il est trop foncé pour être véritablement et totalement accepté, admis, intégré dans la société des blancs. Inversement, il est trop clair de peau pour être pleinement accepté, admis, intégré par ses demi-frères, les blacks. Et je ne parle pas de l’aspect culturel ou cultuel qui vient compliquer et empirer les choses.

La Réunion n’est donc pas à sa place. Pour la mère patrie, ce dernier né est tellement lointain et tellement différent des autres départements, qu’elle a du mal à l’intégrer totalement dans la communauté nationale. La longue histoire du statut de citoyen français et la difficile conquête d’une égalité de statut en est la preuve la plus formelle, douloureuse et insupportable.

Pour son environnement immédiat, pour l’ensemble de ses voisins, des territoires et des peuples qui entourent cette ile, la situation est pire. Le sentiment d’exclusion des Réunionnais de cette communauté proche, ne peut pas être nié. Pour s’en persuader, il faut se mettre à la place de tous les acteurs locaux qui souhaitent entretenir des relations économiques, sociales, culturelles avec ces humains géographiquement plus proches que les citoyens métropolitains.

Pour des relations officielles, durables et construites, il faut passer par Paris. On entre alors dans le flot des relations internationales de la France avec tous les pays du Monde, et on s’y perd. Pour la partie du monde qui nous concerne, je vous laisse juger l’invraisemblable imbroglio généré par cette profusion de structures commune, particulièrement inefficace : COI (Commission de l’Océan Indien), COMESA (Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe), EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est), SADC (Communauté de développement de l’Afrique Australe), TFTA (Accord Tripartite de Libre Échange), Union Africaine, etc.

Ces conflits entre politique nationale et internationale expliquent en grande partie le manque de dynamisme de l’activité réunionnaise. Comment ne pas comprendre la colère des Réunionnais lorsqu’ils apprennent que certains secteurs économiques de certains de nos voisins immédiats perçoivent une aide française ou européenne, supérieure à celle qui est allouée à La Réunion ? Pour un Malgache ou un Mauricien, La Réunion n’est ni la France, ni un frère voisin. L’histoire a installé un écran entre La Réunion et ses voisins immédiats, écran peu propice à la coopération et la convivialité internationale dont tous les pays du monde ont le plus grand besoin.

François Maugis

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