La route en mer coutera plus cher : “On ne nous dit pas tout !

22 janvier 2015

En comparaison avec la route du littoral, maintenant sécurisée par les filets et gabions, la NRL n’apporte pas de solution supplémentaire de sécurité ou de fluidité au trafic alors qu’elle ajoutera des coûts, aujourd’hui escamotés, à une facture déjà faramineuse.
Le coût d’entretien et d’exploitation de la NRL a été prétendu réduit presque de moitié alors que s’ajoute aux futures digues aussi longues, les ouvrages en mer du viaduc. Et puis qu’en sera-t-il lorsque cette route phénoménale aura pris de l’âge ?
Pourrons-nous demain techniquement et financièrement entretenir le même kilométrage de digue – fait d’« acropodes » en gravats de Suède –, mais aussi tous les nouveaux ouvrages en mer ? Et puis quel sera le coût annuel d’un dispositif permanent d’intervention rapide pour sauver les passagers des véhicules et bus accidentés ou basculés dans l’océan ?

Ne faut-il pas se préoccuper aussi dès maintenant du coût des travaux de déconstruction d’un tel ouvrage construit en mer, lorsqu’il arrivera en fin de vie ? La Réunion ne pourra pas abandonner le viaduc en ruine à la furie de l’océan. Les générations futures, devront remettre les lieux en bon état, si toutefois nous ne sommes pas amenés à le faire avant, comme après le cyclone Gamède à la rivière Saint-Etienne. La déconstruction du viaduc en mer, le transport routier et maritime et le tri des gravats et déchets de chantier ne peuvent être laissés à la charge des « suivants » …
En fin d’usage, la remise en état des lieux, en mer, est une obligation légale. Et pour s’y soustraire, La Région a prétexté méconnaitre les moyens techniques futurs, pour nier le coût de ces travaux inévitables. Pourtant le public est en droit d’en mesurer l’importance, au moins par les moyens actuels, à défaut d’illusoire « canon désintégrateur » !

A ces coûts ultérieurs escamotés il faudrait encore ajouter pour réaliser la NRL, ceux de rareté des roches massives, de dérapage du chantier en mer et de l’entrée de St-Denis. Ils ont été dissimulés à l’opinion réunionnaise, encore illusionnée des secours “providentiels” de l’État et de l’Europe ... Et puis nous ne sommes pas à l’abri d’un dépassement des risques calculés : pourrons-nous y faire face demain, au vu de l’ampleur de l’ouvrage ?
On le voit la NRL profitera essentiellement aux majors nationaux du BTP en quête d’ouvrage d’exception et tellement peu aux entreprises locales du BTP ! Bref si peu de résultat pour un coût exorbitant, qui vampirisera les finances des Réunionnais pour longtemps ! Pourrons-nous encore demain assurer notre développement par des déplacements durables ?
Il est encore temps de retirer la main de cet engrenage !

François Payet, architecte

Route du littoral

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