La santé publique sous la loi du marché

22 juin 2006

Les Français passent pour être les premiers consommateurs de médicaments de toute l’Europe. Ce n’est pas pour autant qu’ils sont les mieux soignés. Mais alors comment expliquer cette surconsommation de médicaments ? Il doit bien y avoir une raison.
La réponse, en grande partie, nous est fournie par un rapport tout récent de la Commission des affaires sociales du Sénat, établi par Marie-Thérèse Hermange, sénatrice de Paris et Anne-Marie Payet, sénatrice de La Réunion. Leurs conclusions sont accablantes : "manque de transparence" à toutes les étapes de la commercialisation, "trop grande dépendance vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique". C’est ainsi que nous apprenons que l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAFS), organisme chargé de délivrer les autorisations de mise sur le marché des nouveaux médicaments, est financé à hauteur de 80% - contre moins de 50% il y a seulement sept ans - par les redevances versées par les laboratoires pharmaceutiques. Progressivement, l’industrie pharmaceutique s’est "imposée comme le premier vecteur d’information des professionnels de santé", constatent avec regret les auteurs du rapport qui déplorent par ailleurs sa mainmise effective sur la formation médicale continue, subventionnée quant à elle à 98% ! À cela ne faudrait-il pas ajouter l’action des 24.000 visiteurs médicaux, dépêchés par leurs firmes respectives pour assurer la promotion de leurs produits auprès des médecins ? Il n’est pas jusqu’au Vidal, le fameux livre de référence, qui ne bénéficie lui aussi de la manne des laboratoires pharmaceutiques. Comment voulez-vous, dans ces conditions, que les médicaments n’échappent pas au contrôle des services publics pour tomber sous l’"écrasante influence des laboratoires", selon l’expression utilisée dans le titre même du journal “Le Monde” ?

Georges Benne


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