Le 10 mai...

6 février 2006

Un certain 10 mai 1981, François Mitterrand a été élu président de la République française.
Un certain 10 mai 2001, Christiane Taubira, députée de la Guyane, fait voter une loi portant son nom, considérant que "l’esclavage est un crime contre l’humanité".
Un certain 30 janvier 2006, Monsieur Jacques Chirac, président de la République française, déclare que le 10 mai de chaque année sera une journée commémorative à l’occasion de l’abolition de l’esclavage pour la France métropolitaine.
Depuis la nuit des temps, l’esclavage a existé et existe toujours en ce 21ème siècle. Les départements d’Outre-mer, dès leur peuplement, étaient sous la domination des esclavagistes. Des multiples dates de notre histoire commune ont montré tant aux Antilles qu’à La Réunion, la force et la volonté des esclaves de sortir de l’esclavage. Au plus haut sommet de l’État, combien de lois et de décrets ont été publiés sans effet ?
À la Révolution française, l’esclavage a été vraiment aboli. À peine commençons nous à recevoir un air de liberté, que voilà qu’en 1802, Napoléon 1er rétablit l’esclavage pour une question d’économie !
Ce même Napoléon fait arrêter la traite des Noirs en 1815 et sous Louis-Philippe, Victor Schœlcher et beaucoup de républicains, dont l’Abbé Alexandre Monnet pour La Réunion, rédigent le décret de l’abolition de l’esclavage qui est publié le 27 avril 1848.

Et c’est sous la deuxième République, le 20 décembre 1848, qu’a été proclamée la fin de l’esclavage à La Réunion. En 1983, le président Mitterrand déclare que le 20 décembre sera une journée chômée et fériée. L’ancien directeur de la D.R.A.C. (Direction régionale des affaires culturelles), monsieur Yves Drouhet met en place le Comité du 20 décembre présidé par Bruny Payet. La marche vers cette liberté retrouvée n’a cessé de croître. Nous n’oublierons pas que le 20 décembre 1976, nous avons fait briser les chaînes sur une scène théâtrale, au stade de Saint-Louis, et que quatre ans plus tard, en 1980, notre pièce de théâtre “L’Esclave” a reçu des mains du Docteur regretté Pierre Lagourgue, le prix de littérature de Leconte de Lisle du Conseil général.
Nous conservons nos dates de la fête de l’abolition de l’esclavage aux Antilles comme à La Réunion. Une page de l’histoire vient d’être tournée concernant la France métropolitaine où sera commémorée le 10 mai de chaque année l’abolition de l’esclavage dans les départements d’Outre-mer.

Nous sommes un peuple métissé venant des cinq continents de la planète, nos esclaves sont venus d’Afrique, de l’Inde, de Madagascar, de Chine... Les marchands d’esclaves achetaient les esclaves par des vendeurs d’esclaves des pays cités. C’est un fait historique, incontestable.
Le temps a passé, mais il n’efface pas les cicatrices : elles sont indélébiles. Alors, même si nous vivons dans un pays libre et défenseur des libertés, il nous faut être tout le temps vigilants et savoir gérer notre liberté. Et ce, toutes les fois où cette liberté se trouve menacée, inquiétée, bafouée, entravée, par qui que ce soit. Il nous faut le dire et le faire savoir d’abord. Il nous faut ensuite le crier si besoin est, et puis nous lever, pour, debout, la protéger, la défendre. Ne serait-ce qu’en souvenir de nos ancêtres qui, eux, l’ont fait tant et tant de fois, toutes les fois où ils avaient estimé que cela était nécessaire, que c’était leur devoir.
Sans vouloir nous complaire dans le passé, nous devons utiliser ce passé comme tremplin, pour voir plus loin et pour construire demain.

Marc Kichenapanaïdou


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