Le 8 mars, encore...

4 mars 2006

Le 8 mars 1974, comme de nombreux Réunionnais nous étions mobilisés au Tampon avec le PCR pour dénoncer l’augmentation scandaleuse du riz, denrée essentielle pour la population. Nous étions réunis à la SIDR 400 et avions en cette journée internationale des femmes pensé à nos sœurs qui souffraient dans le monde : Palestiniennes, Chiliennes et tant d’autres... et spontanément à la fin des discours, nous avions défilé dans la ville et marqué ainsi cette date chère au cœur des militantes. Georges Pompidou était encore président de la République.
Depuis 1974, à l’UFR, nous avons célébré ce 8 mars de différentes manières : défilés à Saint-Denis, à Saint-Pierre, meetings, rassemblements. Cette année 2006, malgré l’épidémie de chikungunya, nous nous regrouperons à Sainte-Suzanne dimanche prochain. La situation faite aux femmes est encore intolérable pour beaucoup de raisons et nous militons pour que cessent les violences et les injustices à l’encontre des femmes de par le monde.
Quelques rayons de soleil cependant dans cette lourde obscurité de l’oppression féminine, les élections de présidentes ; Hélène Johnson au Libéria, Michelle Bachelet au Chili... Même si Pinochet n’a pas encore été jugé.
Malheureusement, il reste trop de conflits, au Darfour, en Afghanistan,.. Le problème palestinien n’est pas encore réglé, la paix est loin d’être établie en Irak.
Palestiniennes privées de patrie depuis des années, Irakiennes confrontées à des attentats quotidiens, Afghanes écrasées par le poids des traditions... Nous ne pouvons pas les oublier. Dans toutes les violences guerrières, les femmes et les enfants sont en première ligne.
Exodes, bombardements, pillages, viols pratiqués de façon systématique par ceux qui s’estiment vainqueurs. La femme est considérée comme butin de guerre et pourtant nous sommes au 21ème siècle.
Les pays pauvres connaissent des famines et là aussi femmes et enfants sont les premières victimes de cette violence qu’est le manque de nourriture. Nous avons toutes, à l’heure des repas, vu ces mères hagardes essayant vainement d’allaiter un bébé décharné.
Le SIDA fait des ravages dans nombre de ces régions et les femmes soumises aux désirs d’hommes qui refusent les préservatifs se retrouvent contaminées ainsi que les enfants qu’elles portent. L’eau est une denrée précieuse et trop rare, des Africaines marchent plus de 5 kilomètres pour aller en chercher.
La polygamie, les répudiations, les mariages forcés, les mutilations du sexe féminin : l’infibulation et l’excision qui handicapent et font souffrir à vie, tout cela est le cycle éternel de la vie féminine. Nous sommes obligées de constater que le poids des traditions est toujours pour les femmes et contre les femmes. Elles sont considérées comme des éternelles mineures et la loi est impitoyable quand elles demandent leur émancipation.
Rappelons-nous du combat mené dans l’île pour que Véronique soit libérée, pour qu’Amina ne soit pas lapidée. Nous nous sentons profondément solidaires de toutes nos sœurs qui luttent dans des conditions difficiles parfois au péril de leur vie pour que leurs droits les plus élémentaires soient enfin reconnus.
Ici, à la Réunion, les violences commises sur les femmes sont toujours d’actualité et nous le déplorons : violences conjugales, coups mortels viols...
En février 2006, Amnesty International dans un rapport a demandé la création en France d’un Observatoire national des violences faites aux femmes placé sous la responsabilité du Premier ministre. Il s’agit d’une affaire d’État et il serait bon que les crimes et brutalités commis contre les femmes figurent dans les pages politiques et non dans les faits divers.
En ces temps difficiles nous est-il permis de rêver à un monde où toutes les femmes auraient accès à l’instruction, à un métier épanouissant, à une maternité désirée avec un compagnon choisi librement, à des conditions de vie confortables dans un pays en paix ?
Celles qui vivent sont celles qui luttent mais il doit être doux de pouvoir souffler un peu... Nos filles et petites filles puissent-elles le faire !

Marie-Hélène Berne, pour l’UFR


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