Le ballet des Dindar et de la droite

2 juin 2006

Lorsque la présidente du Conseil général avait invité Nicolas Sarkozy à venir participer à La Réunion, les 29 et 30 septembre derniers à des manifestations de la semaine de la laïcité, elle avait surpris. En pleine bataille entre chiraquiens et sarkozystes, elle donnait l’impression d’avoir choisi le camp du ministre de l’Intérieur au point que les premiers qui ont toujours considéré La Réunion comme une chasse-gardée, envisageaient de faire accompagner Nicolas Sarkozy par François Baroin. Mme Dindar avait expliqué que s’agissant de laïcité, elle ne pouvait faire autrement que d’inviter le ministre chargé de cette question. Elle déclarait à qui voulait l’entendre que, tout en invitant Sarkozy, elle lui avait précisé qu’elle était et restait chiraquienne.
Le couple lhrahim et Nassimah Dindar vient de se ranger sous la bannière de Nicolas Sarkozy. Cela ne nous étonne pas de la part du premier nommé. Bien avant Jean-Jacques Morel, il avait montré son adhésion aux thèses du ministre de l’Intérieur. Au cours d’un débat télévisé, au moment des régionales, il défendait la "discrimination positive" chère au président de I’UMP. On a cette idée lorsque les Dindar proposent de favoriser l’emploi des jeunes diplômés réunionnais.
C’est donc le nouveau positionnement de Mme Nassimah Dindar qui étonne, même si on ne peut pas l’accuser d’avoir menti l’année dernière.
Mais, personne n’est dupe. Les Dindar sont sarkozystes parce que, même sous couvert de la légitimité du président de l’UMP et même sus l’angle du renforcement à La Réunion du parti, leur ralliement sert d’abord leurs intérêts propres. Dans l’affrontement avec René-Paul Victoria, considéré comme membre du camp des chiraquiens, se retrouver parmi les partisans de Nicolas Sarkozy peut ouvrir la voie des investitures pour 2007 et 2008. Jean-Jacques Morel fait aussi le même calcul. Lui comme les Dindar vont poser à I’UMP un sérieux dilemme : à Saint-Denis pour les législatives comme pour les municipales, la droite va-t-elle rompre avec la règle qui veut qu’un sortant soit toujours reconduit ? (...)
En 2004, Mme Dindar fut désignée présidente du Conseil général. Non pas dans le cadre d’une promotion de la femme réunionnaise. Ayant perdu le potentiel successeur de Jean-Luc Poudroux, Serge Camatchy battu à Saint-André et devant les rivalités entre l’UMP et la Relève, le choix de Nassimah Dindar apparaissait comme étant un bon compromis. Elle pouvait faire une bonne intérimaire et une présidente causant peu de vagues.
Mais il lui est arrivé la même chose qu’à Joseph Sinimalé. Appelé à remplacer provisoirement Éric Boyer déclin de sa fonction de président, choyé par l’Élysée qui en avait fait le dirigeant du RPR local, l’ancien maire de Saint-Paul était devenu trop ambitieux. Jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par la Justice.
Au moment de sa désignation à la tête du Département, Mme Dindar aurait passé un accord tacite où elle se serait engagée à ne pas chatouiller René-Paul Victoria sur Saint-Denis, ni aux législatives, ni aux municipales. On lui promettait en échange un siège de sénatrice, le moment venu. Cet accord, supposé ou réel, serait donc rompu.
Le déroutant ballet auquel se livrent les élus de la droite réunionnaise n’est pas terminé. Il n’est pas assis sur des convictions idéologiques mais sur la satisfaction d’ambitions personnelles, sinon sur l’assouvissement de rancunes et de haines. Mais les ambitions personnelles doivent être mises en adéquation avec la situation propre à la droite métropolitaine dont dépendent nombre d’élus de la droite locale. (...) Ici à La Réunion, après s’être appuyée sur l’UMP, Mme Dindar compte désormais sur la Relève dont les responsables vont se partager entre Bayrou, Sarkozy et l’éventuel candidat chiraquien. Nous n’avons pas encore tout vu.

Marie-Jeanne Indiana


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