Le capitalisme réunionnais est-il socialement engagé ?

7 février 2006

Pour un social-libéral, composer à dessein social avec le capitalisme ambiant n’est pas contrariant. C’est même plutôt ce qui pourrait le définir par rapport aux autres formes de socialismes. Dans le n°242 de décembre 2005 d’“Alternatives économiques”, un dossier intitulé "Civiliser le capitalisme" était consacré aux initiatives sociales d’accompagnement (c’est moi qui le dis !) du néo-capitalisme. Il était par exemple possible de lire que des 7.000 milliards d’euros épargnés (en fait placés) en France, (seuls ?) 613 millions d’euros (1) ont été orientés par leurs détenteurs vers des opérations sans réel but lucratif, sans perte nominale pour autant et, fait surprenant, à valeur ajoutée sociale ou environnementale. Il s’agit précisément pour les épargnants philanthropes - et, il y en aurait visiblement (2) ! - de consacrer une partie de leurs actifs financiers à l’économie sociale via des produits d’épargne solidaire (3) (ouvrant quand même droit - on se rassure ? - à avantages fiscaux !).
Au niveau de La Réunion, la mutuelle MACIF (au travers d’une convention avec la MAIF, semble-t-il !), le Club Cigales, l’Association ADIE et certainement d’autres personnes morales œuvrent vraisemblablement au service de cette économie. Mais quelles sont l’étendue et la portée réelles de leurs actions ? Se concertent-elles, se coordonnent-elles ? Quels sont le niveau et le nombre des souscriptions locales ? Nos quelques grandes entreprises et grosses fortunes y prennent-elles part ? La Réunion perçoit-elle une partie de l’épargne solidaire nationale ? Tout ceci en tout cas paraît très confidentiel, alors qu’il mériterait publicité à maints égards. La bataille contre le chômage à La Réunion ne peut négliger la moindre niche (4) et détourner une partie des placements boursiers (5) vers des actions de cohésion ne relève pas de la charité sur un territoire qui détient des records départementaux peu flatteurs (chômage, illettrisme, logement, dégradations environnementales, etc.), un territoire dont la prospective conventionnellement admise n’annonce hélas pas encore le paradis. Par la même occasion, il permettrait de visualiser le réel niveau d’engagement citoyen de ceux qui disposent suffisamment pour le type d’épargne ci-dessus évoqué ! En somme, un test du niveau réel de solidarité de la classe dominante, un test de la réalité de la cohésion. À vrai dire, le thuriféraire de la transformation sociale que je suis se contenterait pour l’heure d’un état des lieux du paysage de l’épargne solidaire locale. Merci d’avance à la généreuse personne qui accepterait de s’y dévouer. Il doit bien y avoir ici un social-libéral, voire un libéral épris de social qui s’intéresse au sujet !

Jean-Hugues Savigny
(Militant socialiste, La Possession)

(1) Soit deux fois plus qu’en 2002, dû pour l’essentiel au développement de l’épargne salariale.
(2) 130.000 personnes physiques et morales recensées en 2004 contre 13.000 en 1996.
(3) 47 produits d’épargne labellisés par Finansol, consultables sur www.finansol.org
(4) On estime à 90.000 le nombre d’emplois créés depuis 1983 par cette économie sociale.
(5) Évalué par l’IEDOM à 9,8% de l’épargne totale locale soit à 765 millions d’euros en fin 2004.


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