Le carême qui plaît à Dieu

21 mars 2016, par Georges Benne

Pour tous ceux qui n’y voient qu’une occasion de faire une cure, d’une quarantaine de jours si possible, entre le mardi gras et le jour de Pâques, en vue de perdre du poids et de trouver ou de retrouver ainsi la « ligne », le carême, temps de jeûne et de prière, comme le recommandent les religions, n’a plus la même signification.

Il y a dans la Bible un texte d’Isaïe ou d’Esaïe, dont le père Jean Cardonnel s’était inspiré pour le carême qu’il avait prêché à la Mutualité en 2008 à la demande de l’ancien directeur de « Témoignage chrétien », Georges Montaron. A l’ère de la mondialisation triomphante, où un habitant sur sept est condamné à mourir de faim, les paroles du prophète résonnent encore plus fort.

« Vous croyez que c’est un jeûne qui plaît à Dieu, celui de l’homme qui courbe l’échine, qui se plie en deux ?… Incliner la tête comme un roseau, se coucher sur le coup du destin, c’est ce que tu appelles un jeûne, un jour faste à la Parole ? Allons donc ! Le jeûne qui me plaît, je vais te le dire : casser les chaînes injustes, détacher tout ce qui enchaîne, renvoyer libres les opprimés, briser toutes les servitudes, partager ton pain avec l’affamé, héberger les pauvres sans abri, vêtir celui que tu vois nu… Alors, ta lumière poindra comme l’aurore, ta blessure sera vite cicatrisée, ta justice marchera devant et ma gloire derrière. Alors si tu cries, la Parole répondra à tes appels ; elle dira : « Je suis là. »

« Tant que notre monde restera ce qu’il est, une mosaïque de clans, de tribus, fragmentés à l’infini, unis par le culte d’intérêts qui s’opposent nécessairement, dira le père Cardonnel, la justice ne marchera pas en avant de nous et la gloire du Verbe créateur ne nous accompagnera pas. Notre prière n’en sera jamais une parce que prier suppose la volonté, qui est grâce, de transformer le monde de fond en comble ; c’est le bruit des chaînes qui parvient aux oreilles du Créateur. Si je conserve le monde en son état, j’ai beau crier, Dieu est sourd. Je pourrais égrener tous les chapelets de toutes les confréries, mes doigts s’useront et se décomposeront avant que la Parole ait répondu : « Je suis là. »

Georges Benne


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