Le chik est toujours là !

1er avril 2006

À gros coups de publicité, les médias - en particulier les journaux télévisés - annoncent que de semaine en semaine, le chikungunya diminue. Psychologiquement, dans l’esprit de beaucoup de Réunionnaises et Réunionnais, cela veut dire que le danger est passé, comme pour un cyclone.
Ce qu’on oublie par contre de dire et d’affirmer avec force, c’est qu’il y a plus de 200.000 personnes qui sont touchées par cette épidémie.
Le professeur Bricaire est un spécialiste des maladies infectieuses, auteur avec Jean-Philippe Derenne de “Pandémie, la grande menace”. Il a donné une conférence le 7 mars dernier à l’Académie de médecine sur “L’émergence des nouveaux virus”. La question qui s’est posée est simple : il y a 2 virus, le chikungunya et le H5N1, qui mettent à mal le système sanitaire français. Car, à l’heure actuelle, aucun laboratoire n’a pu détecter de remède contre ces 2 virus.
Les épidémies infectieuses ont toujours existé. Nous le savions, avec notre “paludisme réunionnais”. Il en est de même pour le chikungunya. Il apparaît, progresse, puis s’éteint, avant de réapparaître. Les facteurs d’environnement, tels que les changements climatiques, rendent l’extension de certains agents infectieux, plus facile.
Avec les catastrophes qui nous arrivent en cascades, le cyclone Diwa, le pan de la falaise de la corniche qui s’échappe de la montagne avec ses 2 morts et ses 2 blessés graves, avec cette publicité montrant la baisse du chikungunya, on note un relâchement dans la démoustication. Mais que deviennent les 220.000 cas ? Il y a des chutes et rechutes du chikungunya. Je connais un jeune homme qui n’a pas 40 ans, en pleine activité salariale, qui a eu la maladie et qui a rechuté, et qui actuellement se déplace avec des béquilles. Des personnes âgées qui subissaient le poids de leur âge, avec le chikungunya, ne pensent plus qu’à la mort...
La perspective d’une transmission du virus à l’Homme est vécue sur un mode dramatique, avec l’idée que, passé la catastrophe, les choses iront mieux. On a tout faux. Il y aura sans doute une pandémie et nous devons nous en prémunir.
L’épidémie de chikungunya ne se passera pas obligatoirement sur le mode catastrophe annoncé et, par ailleurs, d’autres la suivront. Qu’on le veuille ou non, il faut que notre société réunionnaise apprenne à vivre avec ce virus, qu’elle continue à se donner les moyens de l’affronter, notamment en développant la recherche et les vaccins. Je pense qu’il faut dire la vérité aux Réunionnaises et Réunionnais, sans psychose, ni panique.
Chacun de nous est responsable de notre environnement, de notre foyer, de notre vécu, de notre corps. Il faut que nous sachions que le risque zéro n’existe pas.

 Marc Kichenapanaïdou


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