Le courrier des lecteur du 24 fevrier 2005

24 février 2005

(page 10)

Tirer les leçons de l’Histoire

Après le nouvel échec de Gaston Flosse, renversé, et c’est justice, par la motion de censure déposée cette fois par Oscar Temaru, qui a augmenté son avance aux dernières élections partielles, avec un écart de plus de six mille voix, celui-ci ne peut pas dire encore :
"Tout est bien qui finit bien". Car le sort du gouvernement qui sera appelé de nouveau à présider, dépend d’une courte majorité.
Si on en est là, c’est qu’en haut lieu, au niveau du pouvoir central à Paris, ils n’ont jamais voulu admettre la défaite de leur "poulain" aux élections territoriales du 23 mai 2004 - cela fera bientôt un an - et ils ont manœuvré jusqu’au bout, en essayant de gagner du temps, pour tenter coûte que coûte de le maintenir en place.
Malgré les puissantes manifestations de protestation, qui se sont déroulées en Polynésie. Mais que de temps perdu, alors qu’il aurait fallu déjà, dès cette date, organiser des élections générales qui auraient permis une fois pour toutes de clarifier la situation !
Et l’on ne peut déplorer, avec effarement, que le gouvernement français n’ait pas su tirer toutes les leçons du passé et continue à s’embourber dans des pratiques douteuses qui, de toutes façons, sont condamnées par l’Histoire.

Georges Benne


La justesse du combat des météos a été reconnue

Bien sûr, on a l’habitude, la critique des météos est un art populaire. Quand on a épuisé tous les sujets de conversation, il reste toujours la grenouille.
Et à ce titre le rédacteur en chef du “Journal de l’île” est "normal". Habitué aux logorrhées de M. Tillier, je m’attends toujours au pire, mais j’avoue que son édito de samedi dernier me laisse sans voix, heureusement j’ai un clavier.
J’ai lu : "Les comiques de Météo France grèvent toujours pour une connerie sans nom. Cà frise la non assistance à personne en danger".
Les sans grades, les précaires de la Météo apprécieront. Car c’est de leur dignité, de leur droit à un statut social, de la reconnaissance d’un établissement public qui les "utilisent" depuis de nombreuses années (entre 12 et 28 ans d’ancienneté), qu’il s’agit. Cette "connerie sans nom" est tellement une connerie qu’un accord a été trouvé à la hâte par Météo France prouvant ainsi la légitimité de cette exigence. On aura compris que le respect de l’individu, l’honneur, la révolte et le droit de grève sont des conneries pour M. Tillier.
Comme une connerie n’arrive jamais seule, il en rajoute des fois qu’on ait encore des doutes sur sa capacité à raisonner.
"Ca frise la non assistance à personne en danger" ! Là j’avoue que la connerie est partagée par d’autres médias mais ce n’est pas une excuse.
Nous avons en permanence, c’est à dire 24h/24, surveillé le bassin de l’océan Indien et émis des bulletins spéciaux chaque fois que c’était nécessaire, notamment quand la perturbation tropicale n°14 est passée au sud de La Réunion. Les préfectures, les sous-préfectures, les communes ont été informées dès que des fortes pluies menaçaient notre département.
Des prévisionnistes étaient quotidiennement réquisitionnés pour assurer cette surveillance. Devant la persistance du phénomène et sur insistance du Préfet, un troisième prévisionniste était réquisitionné dès jeudi soir, nous faisions alors une grève virtuelle où le service minimum devenait maximum. De plus on avait annoncé qu’en cas de vigilance ou d’alerte rouge ou orange, la grève serait immédiatement suspendue.
Nous avons fait grève parce qu’on avait plus le choix. Nous aurions pu éviter cela si la direction de Météo France avait réagi plus tôt. Hélas comme souvent, elle a joué la montre et a attendu 3 ans avant d’ouvrir les yeux et les oreilles ; le directeur local se contentant d’un rôle d’intermédiaire ou de petit télégraphiste.
C’est vrai que les clients payants de météo France n’ont pas eu de bulletins réguliers et que le public en général par mauvaise (ou absence) communication des services de l’État a cru ne plus être assisté. Il n’en était rien, j’en veux pour preuve les différents avis de fortes pluies qui ont été relayés par les principales radios et télés.
Nous souhaitons des excuses de M. Tillier pour avoir parlé d’un sujet qu’il ne comprend manifestement pas sur un ton "frisant" l’insulte et le mauvais goût, mais nous doutons qu’il fasse amende honorable.

M.V.,"comique" de la station météo du Chaudron


La délinquance en couche-culotte

"Courbe évolutive d’un jeune qui au fur et à mesure des années s’écarte du "droit chemin" pour s’enfoncer dans la délinquance" : voilà le titre de la seule illustration du rapport Bénisti sur la prévention de la délinquance, remis au ministre de l’intérieur en octobre 2004. Selon le graphique, les "comportements déviants" commencent dès la maternelle. On pourrait en rire, mais ce rapport truffé de fautes d’orthographe est bien dans l’air du temps : un air vicié qui pue l’enfermement et la bêtise.
D’après ce rapport signé par des députés UMP, UDF et PS, la racine du mal se situe surtout dans les foyers pauvres, où on parle une langue étrangère (le "patois" du pays d’origine, comme dit le génial rédacteur). À partir de là, la courbe ascendante de la "déviance" s’envole jusqu’au grand banditisme. C’est-à-dire qu’au lieu de devenir PDG de Total ou maire de Nice, ces sales gosses “dealent” des drogues illégales ou braquent des banques honnêtes.
Christian Estrosi, député des Alpes-Maritimes et président du Groupe d’études sur la sécurité intérieure est un des signataires de ce pensum. Il y a quelques jours, coincé dans une salle d’attente de Roissy, Monsieur le député perd patience et, d’un geste un peu brusque, brise une porte vitrée. Selon le rapport Bénisti, on pourrait classer ça dans la rubrique des "actes de malveillance" à réprimer avec la plus grande fermeté. La maman d’Estrosi lui parlait-elle en patois ?
En annexe, la SARL PJC Conseil dresse un portrait glaçant de la société idéale. "Prévention de la malveillance et réduction du sentiment d’insécurité par l’urbanisme et la conception des bâtiments. PJC Conseil (partenaire de la Société AXILYA - Groupe AREVA) propose à ses clients des prestations de conseil dont le centre de gravité est basé sur la maîtrise des risques". Comment ? Par "l’adaptation de la méthodologie définie pour le nucléaire [...] au domaine civil". Dans une annexe de plus de 20 pages, nos sous-traitants de la “nucléocratie” française prescrivent une ville méticuleusement planifiée, où le délinquant potentiel se sentira partout observé.
Le texte qui précède est extrait de l’excellent mensuel "de critique sociale" CQFD (Ce Qu’il Faut Détruire, comme son nom l’indique) : l’article complet accompagné d’une anthologie du rapport Benisti sont disponibles à l’adresse http://www.cequilfautdetruire.org. Pour les sceptiques et les curieux, le rapport parlementaire est disponible sur le site du Syndicat de la Magistrature, à l’adresse : http://www.syndicat-magistrature.org/rubrique/86.html.
Rappelons que ce rapport a été écrit par des députés qui viennent de rendre obligatoire l’apprentissage de l’hymne national à l’école primaire pour, disent-ils le plus sérieusement du monde, "répondre à l’enjeu de l’assimilation des populations extérieures venues sur le territoire national". Gageons que les marmailles n’ont pas intérêt à chanter la Marseillaise en "patois"...

Joël Grouffaud


Maréchal, les voilà !

François Fillon a décrété l’urgence pour faire adopter son projet de loi d’orientation pour l’école. Les députés ont néanmoins eu le temps d’ajouter deux mesures, qu’on pourrait qualifier d’innovantes si elles n’étaient pas un peu rancies.
Le premier amendement, du député UMP Jérôme Rivière, rend l’apprentissage de la Marseillaise obligatoire à l’école primaire. Il s’agit de favoriser "l’assimilation des populations extérieures" en leur transmettant "l’histoire d’un peuple uni autour des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité". Que le père de l’élève, s’il a la chance d’avoir un emploi, soit jeté à l’ANPE par son patron : c’est la liberté d’entreprise. Que son grand frère subisse les insultes racistes ou prenne une balle perdue dans un commissariat : c’est l’égalité des chances devant les bavures. Qu’en rentrant de l’école, il regagne le taudis délabré qui tient lieu de logis à sa famille : merci la fraternité républicaine et la cohésion sociale. Mais le jeune pourra avoir la tête haute : il saura chanter la Marseillaise !
Une seconde proposition, pourtant à contre-courant de l’air du temps (suppression des enseignements superflus : EPS, sciences économiques et sociales), a été adoptée, à l’initiative du député PCF Jean-Pierre Brard. Cet amendement instaure l’enseignement du "fait religieux", paraît-il pour pallier à "l’analphabétisme religieux des jeunes". On croit rêver : l’opposition parlementaire n’a-t-elle rien d’autre à faire, alors qu’on célèbre, en 2005, le centenaire de la loi de séparation de l’Église et de l’État ?
Le projet de loi Fillon faisait déjà de nos enfants de petits soldats de la guerre économique. On en fait maintenant des petits hussards de la République, qui sauront tendre la joue gauche après avoir reçu une baffe sur la joue droite. C’est bon pour la paix sociale.
François Fillon a déclaré, en préambule du débat parlementaire ouvert le 15 février que "tout projet sur l’école porte en lui un projet de société". C’est exact, et cette société "travail famille patrie", nous n’en voulons pas. Jusqu’à quel point serons-nous des moutons ?

SUD éducation Réunion


À propos du “oui” du P.S.

Je suis en métropole (dans les Landes) depuis 29 ans et je suis très fier de lire tous les jours votre journal sur le net. Bravo pour vos articles politiques et globalement le contenu me va.
De mon côté, j’essaie de faire connaître “Témoignages” à de nombreux camarades. L’attitude du PS réunionnais ne surprend pas les gens de gauche que nous sommes. Dans les Landes, le PS (Henri Emmanuelli est le président du Conseil général) est beaucoup plus lucide.
Continuez et vive le “non” au Traité constitutionnel.

Philipe Técher.


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