Le courrier des lecteurs du 01 février 2006

1er février 2006

Les affaires et le pouvoir

Au-delà des affaires qui ont émaillé la vie publique à La Réunion depuis tant d’années, la question reste toujours posée de la nature-même de leurs relations avec le pouvoir. Pendant trop longtemps en effet, les élus, portés par les gouvernements en place à qui ils devaient très largement leurs sièges, ont été tentés d’abuser de leur autorité, arrivant même à sortir de la légalité, assurés qu’ils étaient de la plus parfaite impunité. Combien d’affaires qui ont éclaté dans le passé, sont ainsi restées sans suite, enlisées dans des procédures interminables, bénéficiant d’amnisties un peu trop faciles, ou ont été tout bonnement étouffées sur simple intervention venue d’en-haut, de l’administration centrale représentée ici par le préfet, ou d’en-bas, par certains notables influents de l’île ?
Les conséquences ? Elles n’en finissent pas de se faire sentir, aujourd’hui encore, que l’on constate, chez de nombreux citoyens, une méfiance croissante vis-à-vis de la politique, qui les incite à renoncer à l’exercice de leur droit de vote et surtout au contrôle absolument nécessaire du travail des élus conformément aux principes les plus élémentaires de la République. Alors que d’autres, poussés par le calcul ou l’intérêt, se servent ouvertement de la politique uniquement à des fins personnelles, n’hésitant pas à faire pression sur les élus, dont ils cessent du même coup d’être les représentants. Ainsi nous apparaissent très clairement les signes irrécusables du mensonge et du déclin de la démocratie participative.
Plus d’un siècle et demi après l’abolition de l’esclavage et à l’occasion du 60ème anniversaire de la loi de 1946 qui devait en principe changer la colonie en département, mais qui n’a pas complètement abouti puisque certaines séquelles de la colonisation continuent à subsister, nous pensons qu’il est grand temps de mettre un terme à toutes ces pratiques d’un autre âge, afin que les Réunionnais puissent passer définitivement de la condition d’êtres mineurs, subordonnés, colonisés au statut plein et entier de citoyens de la République.

Georges Benne


La fin des solidarités

Dans le cadre de la Loi de financement de la Sécurité Sociale, le gouvernement a instauré une franchise de 18 euros sur les actes lourds à la charge des malades.
Chaque nouvelle mesure réduit un peu plus le champ de la solidarité nationale, creusant ainsi les inégalités.
A contrario, aucun effort sérieux n’est demandé aux médecins ni à l’industrie pharmaceutique dont les marges financières ont encore explosé en 2005.
En matière de solidarité, les faits parlent d’eux-mêmes : les impôts des plus riches baissent, mais le coût de la santé augmente pour les salariés.
Toujours plus d’inégalités, toujours moins de solidarité et, partout maintenant, le constat dramatique de l’aggravation des fractures, qu’elles soient sociales, économiques, démocratiques ou entre les générations.
Chaque nouvelle annonce du Premier ministre vient illustrer parfaitement ce choix politique.
Dans un éclair de lucidité de fin de mandat, le président de la République, dans ses vœux, évoque une nouvelle réforme du financement de l’Assurance maladie, en faisant appel aux bénéfices des entreprises, le Premier ministre s’empresse d’octroyer immédiatement de nouvelles exonérations de cotisations de Sécurité sociale aux patrons tout en généralisant la précarisation de la situation des travailleurs.
Avec le CPE (Contrat de précarisation de l’emploi), le gouvernement lance un processus visant ni plus ni moins à préparer et habituer les jeunes à une société de précaires, une société sans avenir.

Axel Zettor


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