Le courrier des lecteurs du 03 novembre 2005

3 novembre 2005

Test ADN : lettre à la présidente du Conseil général

Madame la Présidente,
Les déclarations d’Ibrahim Dindar concernant l’instauration d’un test ADN envers les femmes accouchant à Mayotte avaient suscité à la fin du mois de septembre 2005 une vive indignation de la communauté comorienne vivant à La Réunion ainsi que des forces démocratiques réunionnaises. Face à l’ampleur de la mobilisation, Ibrahim Dindar avait jugé utile de présenter des excuses publiques à la communauté comorienne. Prenant en compte sa bonne foi, les associations comoriennes avaient considéré que l’incident était clos.

Foulant aux pieds ses propres excuses du mois de septembre, Ibrahim Dindar vient de récidiver ces derniers jours en lançant de nouvelles attaques, injustifiées et injustifiables, à l’encontre de la communauté comorienne vivant à La Réunion. Il s’est même lancé dans une opération fantaisiste de collecte de pétitions. Les responsables des Maisons des Comores et de Mayotte à La Réunion viennent de désapprouver publiquement ses nouvelles provocations en expliquant qu’ils ne comprenaient pas son acharnement à l’encontre des ressortissants originaires de l’archipel des Comores (Grande Comore, Anjouan, Mayotte et Mohéli). Que cherche réellement Ibrahim Dindar ? À provoquer des affrontements interethniques comme cela s’est passé dans certains pays ? La question mérite d’être posée.

Nous considérons, pour notre part, qu’Ibrahim Dindar a mis le doigt sur un engrenage extrêmement dangereux. En effet, quand un homme politique commence à attiser la haine entre les différentes communautés vivant à La Réunion, il crée volontairement ou involontairement les conditions d’une situation incontrôlable.
Les attaques d’Ibrahim Dindar à l’encontre de la communauté comorienne (curieusement, c’est la seule communauté présente dans l’île qui est visée par ses déclarations péremptoires) ont rendu un très mauvais service à l’image de marque de La Réunion à l’extérieur. En effet, ses propos scandaleux concernant les tests ADN ont été évoqués par plusieurs médias. Par ailleurs, ils ont terni les efforts déployés par votre collectivité dans le cadre de la semaine de la laïcité.

Le ministre de l’Intérieur a déclaré lors de son séjour dans l’île qu’il fallait importer le modèle social de La Réunion. Mais peut-on importer le modèle social de La Réunion quand un des Vice-Présidents du Conseil général passe une partie de son temps à lancer des attaques xénophobes à l’encontre de l’une des composantes de la société réunionnaise ? La stratégie politicienne suivie actuellement par Ibrahim Dindar risque de ruiner ce qui a toujours fait la fierté des Réunionnais à savoir la coexistence pacifique entre différents peuples, différentes cultures et différentes religions.

Madame la Présidente,

Vous, ainsi que le député-maire de Saint Denis, M. René Paul Victoria, avez exprimé publiquement à la fin du mois de septembre votre désaccord sur les propositions d’Ibrahim Dindar qui avaient suscité la vive colère de la communauté comorienne ainsi que des Réunionnais attachés aux idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité qui fondent le pacte républicain et qui rejettent par conséquent la xénophobie et le racisme. C’est de votre honneur que d’avoir manifesté votre désapprobation envers les propos extrémistes d’Ibrahim Dindar qui rejoignent sans le moindre doute les thèses les plus révoltantes de Jean-Marie Le Pen.

Nous vous demandons, Madame la Présidente, de rappeler à l’ordre Ibrahim Dindar car ses provocations incessantes risquent de portent atteinte au bien le plus précieux dont dispose La Réunion à savoir le respect et la tolérance entre toutes les communautés vivant dans l’île et ce, quelles que soient leurs origines ethniques ainsi que leurs croyances religieuses ou philosophiques.
Comme vous le savez, la communauté comorienne vivant à La Réunion a toujours fait preuve de calme et de patience face aux injures et aux injustices de toutes sortes provenant de l’homme de la rue. Mais elle n’acceptera pas qu’un homme politique puisse indexer une communauté et la désigner dans un but de basse manœuvre politique et électorale comme étant le bouc émissaire de tous les maux dont souffre La Réunion. Le temps où la communauté comorienne subissait des attaques humiliantes sans réagir est désormais révolue.
Ibrahim Dindar devrait comprendre que les comoriens de la seconde génération (ils sont nés à La Réunion comme Ibrahim Dindar, ils ont grandi à La Réunion comme Ibrahim Dindar, ils ont la nationalité française comme Ibrahim Dindar, ils ont fait des études universitaires comme Ibrahim Dindar) sont déterminés à défendre ,dans le respect des lois et réglements en vigueur, l’honneur et la dignité de leur communauté. Ils n’accepteront pas de subir comme leurs aînés des humiliations de toutes sortes sans réagir. L’erreur capitale d’Ibrahim Dindar est de ne pas avoir compris ce changement d’époque.

Nous connaissons, Madame la Présidente, votre esprit de pondération, de sagesse et de tolérance.
Restant à votre disposition et en vous remerciant d’avance de l’attention que vous porterez à notre présente demande, nous vous prions d’agréer, Madame la Présidente, l’assurance de notre parfaite considération.

Le bureau du Collectif pour la défense de l’unité et de l’intégrité territoriale des Comores.


Réponse à Monsieur De Robien

L’humilité n’étant pas une valeur syndicale, nous vous laissons la responsabilité de vos valeurs aristocratiques. Servir était un honneur sous l’Ancien Régime, agir nous convient mieux.

"C’est la première rentrée que nous allons assumer ensemble.", écrivez vous. Espérons que ce soit la dernière. Ce n’est d’ailleurs pas vous qui allez assumer les classes surchargées, la pénurie de personnel, les salles de classe insalubres et les collègues précaires virés en fin de contrat.

"À une époque où la société du 21ème siècle se cherche, où la jeunesse aspire à trouver des repères et à épanouir ses talents, quelle magnifique mission que la vôtre, que la nôtre ! Comme celui des parents et avec tous les membres de la communauté éducative, votre rôle est essentiel." N’en jetez plus ! Mais avons-nous la même mission ? Le temps des missions épiscopales et coloniales est révolu. Quant au reste, ces belles paroles nous les trouvons dans tous les manuels de discours. Changez de rédacteur, Monsieur le ministre, ces formules sont éculées.

"Nous ne devons pas laisser des jeunes au bord du chemin" Que dire alors des élèves mal logés expulsés le jour de la rentrée ? Que dire des élèves et des étudiants sans papiers qui ont peur de ne pas finir l’année en France ?

Vous souhaitez "que l’école s’ouvre davantage sur le monde." Nous aussi, mais pas par la découverte professionnelle qui renforce la sélection sociale. L’ouverture au monde passe par la découverte des autres sociétés, pas par l’enfermement dans une société mercantile.

"Comme vous j’ai noté que les élèves boursiers particulièrement méritants ne pouvaient aller aussi loin que les autres." Encore un effort, Monsieur le Ministre, et vous noterez que beaucoup de fils à papa arrivent sans aucun mérite, à grand coups de cours particuliers et de piston, à choisir les filières et établissements qui leur conviennent.

Reste votre humour sur le remplacement des collègues au sein même de l’établissement. Vous parlez de "l’intense concertation" avec les organisations syndicales, en faisant passer en douce un décret fin août. Rappelons que la majorité des personnels rejette ce décret. On le sait : il s’agit d’abord de garderie au pied levé.

Enfin, vous nous assurez de la reconnaissance de la République. Sans doute faites-vous allusion à des médailles en chocolat, car, comme vous le laissez entendre, il ne s’agit pas de moyens humains nouveaux, et comme vous ne le précisez pas non plus, d’augmentation des salaires. Mais il est vrai que vous parliez de "mission" et "d’humilité". Décidément, nous ne sommes pas du même monde.

Bien syndicalement,

SUD Éducation Réunion


Pour Carole

Est-ce qu’un jour l’horreur des brutalités qui s’abattent sur les femmes finira ?
Est-ce qu’un jour nous nous dirons, enfin, notre lutte contre toutes les violences a abouti, le respect entre hommes et femmes est un des fondements de notre société, aucun être humain n’est la propriété d’un autre être humain...
Est-ce qu’un jour les chaînes de télé cesseront de diffuser des feuilletons débiles ou des films violents qui montrent des femmes objets de désir ou des situations qui ne se règnent que par la loi du plus fort ?
Est-ce qu’un jour nous aurons la certitude que nos filles, nos petites filles, en parfaite harmonie avec leurs compagnons pourront être à la fois, femmes, mères, travailleuses, citoyennes à part entière ?
Est-ce qu’un jour, naître femme sera sur toute la terre une espérance de joie et non une fatalité ?
J’aimerais bien voir ce jour, nous aimerions toutes vivre ce jour, c’est pourquoi nous continuons à lutter.

Marylène Berne


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus