Le courrier des lecteurs du 04 avril 2005

5 avril 2005

(page 10)

La passion de Jean-Paul II

L’un régnait sur la planète et plus d’un milliard de baptisés, l’autre “Rainier” sur quelques hectares, quelques centaines d’habitants et autant de banques.
Entre le grand souverain spirituel et le petit roitelet du matériel, ce n’est pas la même mort, le chagrin n’a pas la même épaisseur.
L’un arrive au Paradis Céleste pendant que l’autre quitte un paradis fiscal. Ne mélangeons pas la différence.
Du robuste athlète polonais au vieillard délabré, ces 27 ans de pontificat auront marqué le passage entre deux siècles, entre deux millénaires.
D’abord l’homme, qui a subi l’initiation par la douleur et la maladie, surmontant des accidents, réchappant du cancer et survivant à l’attentat, allant jusqu’au dernier tremblement essorer l’ultime goutte de vie d’un corps ruiné d’usure.
Le feuilleton médiatique de sa déchéance physique peut nous interroger.
Pourquoi montrer sa douleur et l’offrir aux autres ? Certains auront vu là le symbole de la beauté de l’âme et de la pauvreté de la chair, d’autres un hymne à la vie, un hommage aux handicapés et à tous ceux qui souffrent.
Ensuite la fonction. Refusant que les murs du Vatican l’isolent du bruit de la Cité, ce Pape a pris son “avion” de pèlerin pour visiter le monde entier, embrassant la terre et les hommes, réchauffant le cœur des faibles et tirant les oreilles des despotes.
Il a prêché la fraternité entre les religions, la réconciliation, il a su demander pardon et glisser un petit papier entre les pierres du Mur des Lamentations. Il n’a pas su se faire comprendre, lorsque les vieux dogmes sont confrontés à de nouvelles réalités, lorsque la loi des Hommes s’éloigne de celle de l’Église.
On ne peut demander à un Imam de faire campagne contre l’alcoolisme, puisque le Coran interdit l’alcool. Alors si la doctrine est l’abstinence avant le mariage, et la fidélité la règle qui suit, comment demander au Pontife de promouvoir la prévention ?
Il a montré que le malheur ne peut être au fidèle ce que l’eau est à la feuille songe, il nous a demandé de ne plus être les étincelles d’un feu de canne perdues dans le vent du soir.
La chose n’est pas facile, mais le chantier est passionnant. Il a tracé la route, du contemplatif réfugié derrière les mystères de l’impuissance vers le nouveau citoyen universel.
S’il y en avait un qui ne pouvait avoir peur de la mort, c’est bien lui.
Alors, catholiques pratiquants, ne pleurez pas la disparition de Jean-Paul II, mais versez des larmes de joie car il est enfin assis à la droite du Père.
Fils d’Abraham, catholiques dilettantes ou athée respectueux, nous qui avons entendu, allons ensemble mettre un peu de rose aux jours sur la tristesse du monde.

Emmanuel Lemagnen


Une autre vie pour Jean-Paul II commence

Une autre vie pour Jean-Paul II commence, la porte du ciel lui a été ouverte samedi soir à 23h37, heure de La Réunion.

Le monde compte 6 milliards 314.000 habitants, les catholiques sont 1,08 milliards. Vu sous l’angle de la responsabilité, cette charge portée durant 26 ans, fut sûrement lourde. Beaucoup de ses idées, de ses directives ont été prises en compte non seulement par les catholiques, mais aussi par les politiques.
Jamais, aucun pape n’avait foulé notre terre réunionnaise, lui il l’a fait. J’y étais ces 1er et 2 mai 1989 à Saint-Denis. Les rues de notre métropole étaient désertes. Tous les commerces pour l’occasion avaient baissé leurs rideaux. À la Trinité, nous étions près de 130.000 personnes. J’ai rencontré une amie de confession hindouiste, elle était venue par curiosité, mais surtout pour accompagner sa mère.
Son passage à La Réunion - en dehors de la béatification du Frère Scubilion - nous a été bénéfique. L’Évêque "avoue" (au cours d’une interview sur R.F.O. TV, en ce 3 avril 2005, à 2 heures) avoir appris, au pape à parler quelques mots de créole. Il faut retenir cette phrase clé : "Rest’ pas dann fénoir, viens dans la lumière ! Soleil y lève, soleil y dort, zot même la lumière y étinn pas".
Nous avons besoin hélas de quelques coups de “fouets”, de la nature, pour prendre nos responsabilités de Réunionnais et casser la politique de la main tendue. De ce côté-là, il y a encore un long chemin à parcourir. Et Jean-Paul II nous a laissé un message qu’il faut constamment essayer de mettre en application pour vraiment devenir un peuple responsable.

Marc Kichenapanaïdou


Méfiez vous de ce qu’on ne vous dit pas !

Les partisans d’un “oui de gauche”, quelque peu désemparés par leur manque d’arguments, ont pris l’habitude de tirer de leur chapeau l’article III-122, qui stipule notamment que "...eu égard à la place qu’occupent les services d’intérêt économique général en tant que services auxquels tous dans l’Union attribuent une valeur ainsi qu’au rôle qu’ils jouent dans la promotion de sa cohésion sociale et territoriale, L’Union et les états membres, chacun dans la limite de leurs compétences respectives et dans la limite du champ d’application de la Constitution, veillent à ce que ces services fonctionnent sur la bases de principes et dans des conditions, notamment économiques et financières, qui leur permettent d’accomplir leurs missions." Allez savoir pourquoi, cet article, quand il est cité par les partisans du “oui”, commence toujours par trois points de suspension. Découvrons ce qui se cache derrière ces trois points évocateurs : "Sans préjudice des articles I-5, III-166, III-167 et III-238, et eu égard..." Recollez les morceaux et lisez dans l’ordre.

Il est vrai que cet article peut sembler alléchant, et l’on peut se dire que, finalement, cette Constitution protège les services publics. Mais on s’aperçoit vite que c’est une arnaque quand on va lire les articles cités en préambule du III-122 : les articles III-166 et III-167 font partie de ceux qui sont mortifères pour les services publics puisqu’ils précisent notamment que "les États membres, en ce qui concerne les entreprises publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux ou exclusifs, n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire à la Constitution", que "les entreprises chargées de la gestion des services d’intérêt général sont soumises aux dispositions de la Constitution, notamment aux règles de concurrence" (III-166) tandis que les "aides accordées par les États membres [...] qui menacent de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises", sont déclarées "incompatibles avec le marché intérieur" (article III-167). L’article I-5 enjoint les États membres à prendre "toute mesure générale ou particulière propre à assurer l’exécution des obligations découlant de la Constitution", Constitution qui attribue à l’Union "la compétence exclusive dans le domaine de l’établissement des règles de concurrence nécessaires au fonctionnement du marché intérieur" (article I-13), ce qui réduit considérablement la portée de la partie “socialement correcte” de ce fameux article III-122. Quant à l’article III-238, il autorise le "remboursement de certaines servitudes inhérentes à la notion de service public". Cet article est d’ailleurs le seul, parmi les 448 qui composent cette Constitution, qui cite l’expression "service public", et comme par hasard, ce terme est accolé à celui de "servitude". Tout un symbole !

On ne peut que recommander à tous les citoyens de se procurer le texte intégral de cette Constitution, de le lire, de le décortiquer, et surtout, chaque fois qu’on cite partiellement un article, comme je viens moi-même de le faire, de l’examiner dans son ensemble, et de croiser sa lecture avec celle des autres articles cités. Bien souvent, l’information principale n’est pas dans ce qu’on dit, mais réside dans ce qu’on ne dit pas...

Joël Grouffaud, SUD éducation Réunion


Emplois dans notre Académie : La Réunion toujours lanterne rouge !

Suite à la conférence de presse organisée vendredi 01 avril 2005 par le recteur d’Académie, le SGPEN-CGTR tient à faire la mise au point suivante :
Au-delà des effets d’annonce et de la satisfaction affichée par l’administration rectorale, il y a malheureusement une bien triste réalité ; La Réunion demeure la lanterne rouge des Académies de France et de Navarre en matière d’emplois enseignants et non enseignants (TOS, personnels de laboratoire..).
C’est un constat qui en dit long sur l’intérêt que porte le gouvernement à valoriser notre système éducatif et à offrir à la jeunesse réunionnaise une véritable égalité des chances.
Que La Réunion soit reléguée à portion congrue, nous ne pouvons l’accepter !
En ce sens, le SGPEN-CGTR ne peut se satisfaire de mesures de saupoudrage d’emplois TOS qui ne permettent même pas ne serait ce que de faire passer notre Académie de la dernière position à l’avant dernière dans le classement inter académique.
L’annonce faite de la création de 30 postes TOS alors que le déficit dans cette catégorie s’élève à plus de 1.200 emplois de titulaires poursuit assurément un tout autre objectif que celui d’aller véritablement vers une politique de rattrapage des retards constatés et reconnus par le ministère lui-même.
Il s’agit en fait d’une grossière opération gouvernementale de communication dont la finalité inavouée est de rendre acceptable ce que les collectivités locales considèrent en l’état comme inacceptable : à savoir le transfert des personnels TOS.
En distribuant quelques miettes, le gouvernement entend apaiser la colère des élus et celles des personnels avec le secret espoir que les exécutifs locaux des collectivités reviennent sur leur décision de ne pas signer les conventions de mises à disposition des TOS auprès de la Région et du Département. Alors que la signature des conventions est fixée au terme de la loi au plus tard au 05 avril 2005, la résistance sur le plan national s’amplifie et s’organise.
Le SGPEN-CGTR en appelle encore une fois à l’unité de l’ensemble de la communauté éducative pour faire échec aux manœuvres gouvernementales et pour renforcer l’opposition commune de tous les acteurs locaux contre les transferts.
Enfin, notre syndicat s’insurge sur le fait que de nouvelles suppressions d’emploi soient programmées au niveau de la filière administrative qui est déjà très mal en point et sur l’absence par ailleurs, de créations d’emplois dans la filière des personnels de laboratoire.

Le Secrétaire général du SGPEN-CGTR, Patrick Corré


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