Le courrier des lecteurs du 05 janvier 2006 (suite)

5 janvier 2006

Des nuisances des hélicoptères à... un schéma directeur des activités aériennes à l’Île de La Réunion

Le problème des nuisances d’hélicoptères dans l’Ouest ne date pas d’aujourd’hui.
Dès 1997, avec d’autres, nous avions déjà été sollicités par des associations de Villèle, de Saint-Gilles les Hauts. Des pétitions avaient été faites. Des conférences de presse ont eu lieu. Plusieurs aspects avaient été abordés dont la multiplicité des sites de stations d’hélicoptères, le cheminement de ceux-ci, le contrôle des réglementations, le respect des engagements pris par les usagers. Nous avions participé à des entretiens, parfois informels, avec certains élus et administratifs de la mairie de Saint-Paul, de la Sem Balnéaire, des représentants de services de l’État. Des propositions avaient été faites.
Dès 1998, tous avaient convenu de la nécessité de construire une unique plate-forme héliport dans l’Ouest sur laquelle l’ensemble des compagnies d’hélicoptères serait installé. Le responsable de la Sem Balnéaire qui nous avait reçu était intéressé par la gestion d’un tel outil. En termes d’aménagement du territoire, de définition de document d’urbanisme, chacun percevait que l’évolution rapide de l’urbanisation n’était compatible ni avec une multiplicité de plate-forme héliport, ni avec une liberté excessive, observée par le passé dans les cheminements des hélicoptères. Si la majorité des pilotes, privés ou professionnels, sont des gens sérieux respectant les normes imposées, d’autres, très rares, s’offraient des rase-mottes au dessus des lagons, tout près d’habitations voisines ou d’hôtels, ou bien survolaient à basse altitude certains lieux fortement urbanisés.
Ces cas isolés ont tout de même exaspéré fortement les populations. Au point qu’aujourd’hui, certains réclament la disparition pure et simple des hélicoptères dans le ciel réunionnais ! Si les riverains sont dans leur droit le plus absolu de refuser les nuisances sonores des hélicoptères et d’exiger que des réponses adaptées leurs soient données, peut-on supprimer purement et simplement ces activités qui contribuent au développement économique, touristique, de loisirs, et génèrent de la création de richesse et d’emplois sur notre île ? Sans oublier que les hélicoptères ne sont qu’un aspect d’une problématique plus large posée aujourd’hui par l’ensemble des activités aériennes sur l’île de La Réunion.

Comment expliquer que de 1999 à 2005, le problème de nuisances d’hélicoptères, au lieu de se résoudre, semble au contraire s’aggraver ?

Nous pourrions polémiquer pour rechercher les responsabilités des uns et des autres sur la période ou pour tenter de comprendre l’apparente incapacité de certains de nos responsables à gérer de tels dossiers dans l’intérêt de tous. Telle n’est pas la voie que nous avons choisie... Nous pourrions nous amuser du choix de l’État qui, en retenant le site de Grand-Fond, contribue à la multiplication des sites de plate-forme héliport, de plus dans une “zone irriguée”.
Précisons que de telles zones, la plupart du temps, sont classées “Non Constructible Protection Forte” (NCPF) dans les PLU des communes. Sur celles-ci on peut rarement y installer un “parc cabri” alors quant à y installer demain un Héliport ? Est-ce bien raisonnable ? Telle n’est pas la voie que nous avons choisie... Nous pourrions, à l’heure où les électeurs du 5ème canton de Saint-Paul sont rappelés devant les urnes, prendre le temps d’observer les feux et contre-feux sur lesquels certains, pourtant en responsabilité, sans réponse véritable apparente, soufflent dans les quartiers de Villèle, Saint-Gilles les Hauts, l’Eperon, Cap Champagne, Grand Fond, et tentent de démontrer leur utilité à une population légitimement en colère. Telle n’est pas la voie que nous avons choisie... Le problème posé est suffisamment sérieux pour que chacun d’entre nous prenne le temps d’y réfléchir, sans passion, sans polémique, hors campagne électorale. Il s’agit de réfléchir sur l’organisation des activités aériennes à La Réunion et leur devenir .

Pour un Schéma directeur des activités aériennes dans l’île de La Réunion

Il ne s’agit pas seulement du devenir des hélicoptères, mais également de celui des activités ULM, d’aviation légère de tourisme ou de loisirs, de parachutisme..., qui chacune d’entre elles vont poser à court ou moyen terme davantage de difficultés si nous n’y apportons pas de réponse globale dès aujourd’hui. Comment construire ces nouveaux documents d’urbanisme SCOT, SAR, PLU qui planifient notamment l’urbanisation pour les 15 prochaines années sans tenir compte de cette dimension ? Le foncier que constituent les pistes d’ULM, les hélistations, les aérodromes, et surtout les larges zones environnantes est d’ores et déjà convoité. Et alors ? me direz-vous. Et vous aurez raison si ce n’est qu’aucun responsable véritablement sérieux ne devrait pouvoir dire “fermons toutes les pistes ULM, toutes les hélistations, tous les aérodromes, sans aucune proposition en contrepartie pour installer ces activités sur un site plus approprié si ce n’est de les envoyer dans la commune d’à côté ou la micro-région voisine”.
Si nos responsables tenaient tous ce discours, il faudrait clairement dire à la population qu’on interdit toute activité aérienne dans l’île et d’en assumer les conséquences. Il a été question de fermer la piste ULM de Cambaie située sur un terrain communal, mais a-t-on proposé un site de remplacement ? Pour ceux qui ont suivi les péripéties du tracé de la Route des Tamarins entre Plateau-Caillou et l’Eperon lors des enquêtes publiques, c’est un secret de polichinelle que toute la partie située au-dessus du tracé actuel de la Route des Tamarins sera demain une vaste zone d’urbanisation. Actuellement, une “verrue” y est implantée : l’hélistation. Vouloir récupérer cette zone pour une urbanisation future n’est pas en soi choquant, ce qui pourrait le devenir serait de ne pas en contrepartie proposer un site sur la zone Ouest où implanter une nouvelle et unique hélistation ! Qui devra le faire ?
Sur Pierrefonds, le syndicat mixte gérant l’aéroport entend développer le trafic ; rien de plus normal. Les spécialistes interrogés affirment que d’ici 5 ans, les contraintes, notamment en matière de sécurité, vont se durcir sur les activités d’aviation de tourisme et de loisir, et celles de parachutisme. Ils s’interrogent sur la compatibilité, sur un même site, de celles-ci avec une aviation commerciale.

Une proposition pour regrouper les activités aériennes de l’Ouest : le site de la piste ULM de Cambaie ?

Les activités aériennes sous leurs différentes formes existent et se développent. Où installer des pistes ULM, des hélistations, des aérodromes...? La multiplicité des sites n’étant pas réaliste, recherchons dès aujourd’hui un site potentiel pouvant regrouper ces activités.
Avec son potentiel économique, touristique et de loisir, la zone Ouest peut-elle n’avoir aucun site ?
Sans aucun a priori, nous pensons qu’il serait utile d’ouvrir une réflexion sur cette question. Dès 2003, suite à une enquête publique concernant des carriers à Cambaie, puis le problème de la piste ULM que certains voudraient voir fermer à tort ou à raison, nous avons proposé à nos interlocuteurs administratifs et élus d’étudier la possibilité d’utiliser le site de l’actuelle base ULM de Cambaie. À ce jour, nous n’avons pas obtenu de retour... Notre proposition n’a pas la prétention d’être la plus pertinente. Elle n’a pour unique objectif, modestement, que de permettre d’ouvrir une discussion. La réflexion sur le devenir des activités aériennes à La Réunion est un véritable enjeu de développement durable. Osons espérer que nos élus et responsables sauront trouver par un dialogue constructif un chemin d’équilibre entre les 3 dimensions que sont l’économie, le social et l’environnement, pour apporter une réponse durable à cette problématique.

Éric Gence,
président de l’association Action Ouest


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