Le courrier des lecteurs du 05 octobre 2005

5 octobre 2005

Dernier rendez-vous de Talipot à Pierrefonds

La priorité et l’actualité du Théâtre Talipot en ce moment est bien-sûr la création de KOR, Maison du Vent, dont la Première aura lieu le 7 octobre et dont les représentations iront jusqu’au 30 octobre à Pierrefonds au Dépôt de Rhum, puis du 4 au 9 novembre au Théâtre du Grand Marché à Saint-Denis.
En même temps que la préparation de ce spectacle, le Théâtre Talipot doit penser à son devenir et plus particulièrement à son implantation. À ce jour, nous n’avons à ce sujet que des informations encore imprécises, et c’est pour cela que le Théâtre Talipot souhaitait communiquer à ce sujet plus tard. Mais déjà quelques rumeurs semblent courir. Afin de ne léser personne et de garder une équité dans nos relations avec la presse qui nous a toujours soutenus, nous souhaitons donc communiquer plus tôt que prévu au sujet de notre avenir.

Le Conseil d’administration de l’association Théâtre Talipot a acté officiellement auprès de ses partenaires le mercredi 28 septembre sa position affirmant son intention de ne pas renouveler la Convention Triennale entre le Théâtre Talipot et la Ville de Saint-Pierre, et de ce fait quitter le Dépôt de Rhum. Le Conseil d’administration et l’équipe de Direction du Théâtre Talipot tiennent à remercier M. le maire de la Ville de Saint-Pierre qui a respecté ses engagements quant à la Convention Triennale et qui avait même manifesté son désir de la renouveler. Mais la Compagnie a un vrai besoin et un désir de changement.
Nous tenons aussi à remercier M. Poulhes, directeur régionale des Affaires culturelles, qui avait été nommé par le maire comme médiateur dans cette affaire, et qui a fait le maximum pour que les choses avancent. Même s’il y a eu des hauts et des bas avec la Ville de Saint-Pierre, nous garderons un souvenir très positif de notre installation à Pierrefonds et de toutes nos activités sur ce site si fort, si chargé d’histoire. Nous avons accueilli des milliers de spectateurs et des centaines d’artistes de La Réunion et de tout l’océan Indien. Nous avons vécu de grandes rencontres que la presse locale et internationale ont souvent relayé. Nous avons aussi beaucoup aimé ce quartier et sa population attachante, que nous avons accompagnée à travers différentes actions de formation et de créations d’activités et d’emplois.

Nous terminons notre Convention Triennale fin décembre 2005. C’est la liberté de la Ville de Saint-Pierre de conduire sa politique, en fonction de ses demandes légitimes. C’est la liberté du Théâtre Talipot, en fonction de son éthique, de penser son avenir comme il le souhaite.
Encore une fois, nous remercions M. le maire et l’ensemble de nos partenaires pour tout ce qui nous aura été permis de vivre à Saint-Pierre, et pour les moyens mis à notre disposition durant ces dernières années.
Nous assurons nos derniers mois de présence à Pierrefonds avec dignité et professionnalisme. Nous étions à Pierrefonds depuis près de 10 ans, et le Théâtre Talipot avait récupéré le bâtiment du Dépôt de Rhum alors que l’usine était en ruines. C’est sur le site de cette ancienne usine sucrière que le Théâtre Talipot a organisé 4 éditions du Festival d’Art Métis, a créé 4 spectacles, a accueilli des centaines d’artistes et des milliers de spectateurs.

Nous quitterons Pierrefonds dans le respect de chacun et dans le respect de nos engagements. De nombreuses actions sont prévues avec le quartier jusqu’à décembre 2005. Deux représentations sont offertes aux habitants de Pierrefonds, et en dehors de ces 2 représentations, un tarif très préférentiel est prévu ; des actions de formation sont mises en place, et actuellement, plusieurs jeunes du quartier s’initient spontanément aux nouvelles technologies. Aucun esprit polémique au Théâtre Talipot, au contraire, un sentiment de gratitude et une volonté positive de construire sereinement son avenir, et bien-sûr beaucoup d’émotion à jouer peut-être pour la dernière fois au Dépôt de Rhum.
Le Théâtre Talipot donne donc un dernier rendez-vous sur le site de l’ancienne usine sucrière de Pierrefonds du 7 au 30 octobre pour KOR, Maison du Vent. Peut-être une dernière chance pour le public d’assister à une représentation de la Compagnie au Dépôt de Rhum. Les représentations ont lieu les mardi, mercredi, vendredi, samedi à 20 heures, le dimanche à 18 heures. Réservations auprès du Réseau Otébiyé au 0262-300-800.
Le Théâtre Talipot prépare sa prochaine implantation ailleurs. Des négociations sont en cours.

Théâtre Talipot


Halte au zèle et au non-respect

Mercredi 14 septembre 2005, 3 passagers prennent l’avion pour Madagascar. Arrivée aéroport de Fort-Dauphin. Motif du voyage : mission humanitaire. Passage à la douane, comme d’habitude, c’est obligatoire. Nous avons donc droit aux fouilles. C’est tout à fait normal. Tout c’est très bien passé et dans le plus grand respect.
Mercredi 21 septembre 2005, retour à La Réunion ; c’est toujours fouilles à l’aéroport de Fort-Dauphin, toujours dans le même respect de l’être humain et sans utiliser la fonction de douanier pour être autoritaire.
Arrivée à La Réunion, passage à la douane, pour nous aucun problème. Le douanier décide de nous fouiller, il en a tout à fait le droit, mais en revanche sans respect et très autoritaire. Il fait ouvrir les valises, les défait complètement une à une, de manière très désordonnée et nous ordonne ensuite de les ranger nous-mêmes, tout en s’amusant à faire perdre du temps. Que de zèle ! Que de zèle !
Suite aux questions, nous lui expliquons la situation ; ce que nous sommes allés faire à Madagascar. Nous lui disons que là-bas les fouilles se sont très bien passées et que contrairement à ici, nous avions eu droit au respect de l’être humain. Réponse du douanier : "Il fallait rester là-bas".
Je pense qu’il me reconnaîtra, et bien-sûr, je m’en fiche, je tiens à lui dire que le respect nous le recevons dès la naissance et que ce n’est en aucun cas sa fonction qui peut l’autoriser à ne pas en avoir. Je lui conseille par conséquent aujourd’hui, d’aller lui-même apprendre le respect à Madagascar, où même les gens dans la plus grande misère restent dignes et humbles. Je tiens à préciser que lorsque je ne reçois aucun respect, je n’en donne pas non plus (...).

Une Réunionnaise née dans le respect


Revisiter la psychanalyse

À l’heure où la psychanalyse est vivement prise à partie, jusqu’à la mise en doute de son efficacité thérapeutique, dans un ouvrage collectif au titre qui en rappelle un autre, “Le Livre noir de la psychanalyse”, il n’est pas sans intérêt de revenir sur cette notion d’inconscient qui est au centre même de toute l’œuvre de Freud. Voici justement ce qu’écrivait Alain à ce sujet, dans une “note” destinée en premier à ses élèves, et dont voici un bref extrait :
"Il y a de la difficulté sur le terme d’inconscient. Le principal est de comprendre comment la psychologie a imaginé ce personnage mythologique. (...)
Ajax, dans l’Iliade, se dit : “Voilà mes jambes qui me poussent ! Sûrement un dieu me conduit !”. Si je ne crois pas à un tel dieu, il faut alors que je croie à un monstre caché en moi. En fait l’Homme s’habitue à avoir un corps et des instincts. Le psychiatre contrarie cette heureuse disposition ; il invente le monstre ; il le révèle à celui qui en est habité.
Le freudisme, si fameux, est un art d’inventer en chaque homme un animal redoutable, d’après les signes tout à fait ordinaires ; les rêves sont de tels signes ; les hommes ont toujours interprété leurs rêves, d’où un symbolisme facile. Freud se plaisait à montrer que ce symbolisme facile nous trompe et que nos symboles sont tout ce qu’il y a d’indirect. (...)
L’Homme est obscur à lui-même ; cela est à savoir. Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d’inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l’inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu’il n’y a point de pensées en nous sinon par l’unique sujet, Je. (...)
L’inconscient est une méprise sur le Moi, c’est une idolâtrie du corps. (...)"
. (Alain, Éléments de philosophie)

Georges Benne


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