Le courrier des lecteurs du 06 juillet 2005

6 juillet 2005

(page 7)

J’ai signé la pétition du président Jacques Chirac

Je fais partie de ces 30.000 personnes qui ont signé la pétition à l’attention du président de la République, Jacques Chirac, à l’occasion de la réunion des huit pays les plus riches de la planète à Gleneagles du 6 au 9 juillet 2005. Que dit cette pétition ?
"24.000 personnes meurent de faim chaque jour dans le monde. Un milliard d’êtres humains n’a pas accès à l’eau potable. Plus de 10 millions d’enfants de moins de cinq ans décèdent chaque année faute d’accès aux médicaments ou à des soins essentiels. Ce n’est pas faute de ressources : nos sociétés n’ont jamais produit autant de richesses. Mais le système commercial et financier actuel favorise l’enrichissement des pays et des populations les plus riches au détriment des plus pauvres. Cette situation est inacceptable.
En 2005 commence le compte à rebours vers la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement que vous vous êtes engagé à atteindre en 2015. D’ores et déjà, un premier objectif, celui d’assurer à toutes les filles d’ici 2005 un accès équitable à une éducation de base, ne sera pas atteint. Lors de l’Assemblée générale des Nations-Unies de septembre 2005 et du Sommet des chefs d’État des huit pays les plus industrialisés en juillet prochain, je vous demande de démontrer l’engagement de la France pour en finir avec la grande pauvreté dans le monde :
en annulant la dette des pays les plus pauvres et en reconnaissant la primauté des droits humains fondamentaux sur les remboursements de dette ;
en doublant l’aide au développement dès 2006 et en la mettant réellement au service des plus pauvres ;
en cessant dès à présent les pratiques de dumping et en permettant aux pays en développement de protéger leurs agricultures ;
en abrogeant les paradis fiscaux et en levant le secret bancaire.

Ces mesures permettront à chacun d’avoir accès à l’alimentation, à une eau potable, à l’éducation et à la santé qu’avec l’implication des populations concernées. Un véritable partenariat exige de donner aux citoyens et pays du Sud toute leur place dans la conduite des affaires mondiales.
Atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, c’est possible. C’est une question de volonté politique. À vous de démontrer concrètement, dès maintenant, que la France tient ses promesses".

Je reconnais que cette pétition a une originalité de par sa sincérité devant une situation planétaire catastrophique. Il est fini le temps de proclamer des discours, des sermons. Il est temps, plus que jamais, d’agir. Avons-nous cette volonté ?

Marc Kichenapanaïdou


Georges Ballini : l’âne au long cours s’est envolé !

C’est au cœur des Grandes Alpes et des massifs montagneux qu’il aimait tant contempler que Georges Ballini vient de disparaître ce dimanche 3 juillet 2005, à l’âge de 84 ans. C’était un ami de plus de quarante ans, devenu aussi au fil du temps un grand ami de La Réunion, et il nous appartient d’accompagner son départ par un hommage tout particulier.
Combattant de la Libération, tour à tour marin puis pilote de ligne, Georges Ballini avait cumulé au cours de sa carrière à Air France et à Royal Air Maroc plus de 29.000 heures de vol. Mais je crois qu’il n’a jamais été plus actif que depuis son départ à la retraite dans le courant des années 60.
La Réunion a eu à plusieurs reprises l’occasion de profiter de cette énergie exceptionnelle que déployait Georges Ballini, et qui semblait inépuisable.
À la fin des années 70, c’est aux côtés du docteur Gilbert Gérard que Georges Ballini, ancien secrétaire du Syndicat des Pilotes d’Air France, a été le très efficace conseiller technique de l’association “Échanges Sans Frontières” qui a permis une première fois un désenclavement tarifaire des vols entre La Réunion et la France de l’hémisphère Nord. Par ses compétences et par son réseau de relations, Georges Ballini a joué un rôle-clé dans le développement et dans le remarquable succès des actions menées alors par ESF.
Vingt ans plus tard, avec l’épopée exceptionnelle de “Spoutnik 40 ans”, premier satellite collégien du monde, Georges Ballini a permis à La Réunion de porter la petite fleur jusqu’à des sommets inégalés. Pendant que le Principal, Jean-Paul Marodon, directeur technique de la partie française du projet, réunissait à Saint-Denis tous les parrainages possibles, académiques et administratifs, c’était Georges Ballini qui à Moscou se démenait comme un diable, ou plutôt comme un dieu, pour in extremis assurer la visioconférence au cours de laquelle se sont échangées les signatures du protocole. Et quelques semaines plus tard, c’était encore Georges Ballini qui m’accompagnait à Naltchik, capitale de la région de Kabardie-Balkar, en ambassadeur des jeunes élèves du Collège Reydellet de Saint-Denis.
Philosophe, écrivain et homme de théâtre, Georges Ballini suivait avec passion l’aventure spatiale. Dès 1961, après le vol historique de Youri Gagarine, il avait été le premier Français à présenter sa candidature pour devenir cosmonaute. Très vite, Georges Ballini a compris que la sortie de la planète Terre et l’accès à la totalité du système solaire étaient les signes d’un basculement imminent de notre civilisation, et que l’Homme venait de mettre le pied dans l’Eternité.
Ce thème a été le fil conducteur de plusieurs pièces de théâtre, et c’est encore à La Réunion, avec le soutien de Jean-Claude Pieribattesti, alors directeur régional de la Recherche et de la Technologie, que la pièce "Cosmos Pain Quotidien", un cri du cœur et de l’esprit exprimé avec conviction par Georges Ballini, a été jouée pour la première fois.
Des livres de Georges Ballini, nous retiendrons ce roman étonnant, publié en 1968 sous le titre “L’âne au long cours”. On y voit une équipe de pilotes militants fonder une “escadrille du Tiers Monde”, transformer discrètement quelques avions de ligne en bombardiers, pour aller attaquer les États-Unis après avoir récupéré la bombe atomique perdue à Palomarès. Finalement, ce sont des millions de tracts appelant à la paix qui seront largués sur les villes de New-York et de Los Angeles, pendant que la vraie bombe atomique sera parachutée et explosée au-dessus d’un petit îlot désert au large des côtes américaines, histoire de bien ponctuer le message.
Georges, tous tes amis te souhaitent bon voyage dans la mémoire des humains.

Guy Pignolet de Sainte-Rose


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